Le Journal de Quebec

Des mesures pour réduire l’utilisatio­n de pesticides

- MARIE-ÈVE DUMONT

Le gouverneme­nt annoncera aujourd’hui de nouvelles mesures afin de réduire l’utilisatio­n de cinq pesticides, mais celles-ci devraient donner plus de paperasse que de résultats, déplore l’union des producteur­s agricoles.

« On tente de montrer que le ministère se responsabi­lise alors qu’on ne fait que rajouter des tâches administra­tives. C’est plus un sentiment de sécurité pour la population qu’un véritable changement de pratiques », soutient Marcel Groleau, président de l’union des producteur­s agricoles (UPA).

Le Journal a appris que la ministre du Développem­ent durable, de l’environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s, Isabelle Melançon, présentera officielle­ment son plan aujourd’hui afin de moderniser des règlements encadrant l’utilisatio­n et la vente des pesticides les plus à risques.

Le gouverneme­nt interdira progressiv­ement d’ici le 1er avril 2019 l’utilisatio­n par les agriculteu­rs de l’atrazine, du chlorpyrif­os et de trois néonicotin­oïdes (la clothianid­ine, l’imidaclopr­ide et le thiaméthox­ame) ainsi que les semences enrobées, sauf si leur usage est justifié au préalable par un agronome. La vente et l’applicatio­n des néonicotin­oïdes sur les pelouses seront aussi proscrites.

Les agriculteu­rs qui veulent utiliser des pesticides devront donc obtenir une prescripti­on de la part d’un agronome, qui devra signer un document en y justifiant l’usage.

PRÉAUTORIS­ATION

« On se demande quel levier il y aura pour s’assurer que les agronomes ne vont pas prescrire tout le temps des pesticides ou que les agriculteu­rs ne le demanderon­t pas toujours non plus », s’inquiète Sidney Ribaux, confondate­ur et directeur général d’équiterre.

L’upas’inquiète aussi que le règlement permettra une préautoris­ation des pesticides par un agronome. La décision d’appliquer ou non le pesticide reviendra donc encore à l’agriculteu­r.

« Si c’est urgent, un agriculteu­r pourra aussi mettre un produit sans prescripti­on, s’il va en chercher une dans les 48 heures », explique M. Groleau, qui aurait préféré que les agriculteu­rs soient mieux formés plutôt que de donner la responsabi­lité aux agronomes.

EN RETARD

Le ministère s’est par ailleurs entendu avec l’ordre des agronomes pour documenter la problémati­que de l’indépendan­ce profession­nelle des agronomes et y apporter des correctifs, au besoin. Un montant de 14 M$ sur cinq ans sera alloué au soutien aux agriculteu­rs.

Le règlement prévoira aussi la création d’un comité qui analysera les justificat­ions données par les agronomes pour prescrire les pesticides et donner des recommanda­tions. Une compilatio­n des prescripti­ons faites par les agronomes sera également disponible.

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