Le Journal de Quebec

Afterlife soulève la colère des salons funéraires

L’entreprise de Québec repique les avis de décès sur son site sans consenteme­nt

- PIERRE COUTURE

Les pratiques d’affaires de l’entreprise de Québec Afterlife soulèvent la colère des salons funéraires alors qu’elle repique et publie sans autorisati­on leurs avis de décès sur sa propre plateforme web.

« Afterlife reproduit sans consenteme­nt nos avis de décès. Certaines familles sont troublées par cette façon de faire alors que des avis incomplets avec des erreurs sont publiés », déplore la directrice aux finances du Groupe funéraire Garneau, Valérie Garneau.

Selon cette dernière, Afterlife va plus loin en vendant aux proches des personnes disparues, sur son site, des chandelles virtuelles, des fleurs virtuelles et des messages de condoléanc­es.

« Or, si les gens décident d’envoyer des fleurs et des chandelles qui ne se rendent jamais aux familles en deuil, on ne le voit pas et personne ne le sait. L’argent va où? » se demande Mme Garneau.

À la Corporatio­n des thanatolog­ues du Québec, on se dit également « troublé » par le modus operandi d’afterlife.

« Nous déplorons le fait que des familles en deuil soient prises par surprise et au dépourvu de voir apparaître des avis de décès de leur proche sur des sites internet pour lesquels ils n’ont pas donné leur autorisati­on et qui s’en servent pour vendre des trucs sans le consenteme­nt de personne », indique la directrice générale, Annie Saint-pierre.

D’après la Corporatio­n, les familles des défunts autorisent les salons funéraires à publier les avis de décès dans des publicatio­ns précises, mais aucune autorisati­on n’a été accordée au site Afterlife.

« Nous devons respecter ce lien de confiance en nous assurant que personne ne s’en sert à des fins commercial­es notamment », ajoute Mme Saint-pierre.

La Corporatio­n des thanatolog­ues du Québec dit avoir mis en demeure Afterlife afin de faire cesser cette pratique.

CONTROVERS­E AU CANADA ANGLAIS

Afterlife ne fait d’ailleurs pas que parler d’elle au Québec. Dans plusieurs provinces canadienne­s, l’entreprise québécoise soulève également la grogne de familles endeuillée­s.

Le mois dernier, une famille du sud de l’alberta déplorait qu’afterlife eût publié sur son site web l’avis de décès d’un de ses proches sans autorisati­on. L’avis de décès n’avait pas été rédigé par la famille, comportait de nombreuses erreurs, et la photo avait été repiquée sur le compte Facebook de la défunte, a indiqué un membre de la famille à la chaîne Global News.

À Terre-neuve, une famille éplorée menace de poursuivre Afterlife pour copie sans autorisati­on d’un avis de décès dont la propriété intellectu­elle appartient à la famille, selon l’avocate Erin Best de St. John’s, interrogée par le journal Western Star.

AFTERLIFE REFUSE DE COMMENTER

Joint par Le Journal, le PDG d’afterlife, Pascal « Paco » Leclerc, a refusé de commenter le dossier. L’homme d’affaires de Québec, qui a cofondé la chaîne de restaurant­s Thaïzone (revendue depuis au groupe MTY), détient plusieurs plateforme­s numériques sur le web (Spotafrien­d, MYLOL, matchtoi, 1 DG et outgo).

Il est aussi PDG de la société Airmedia spécialisé­e en développem­ent web et d’applicatio­ns mobiles.

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? La directrice aux finances du Groupe funéraire Garneau, qui gère 14 salons funéraires au Québec, Valérie Garneau. Cette dernière dénonce les pratiques d’afterlife, dont les pratiques semblent troubler certains proches de disparus.
PHOTO STEVENS LEBLANC La directrice aux finances du Groupe funéraire Garneau, qui gère 14 salons funéraires au Québec, Valérie Garneau. Cette dernière dénonce les pratiques d’afterlife, dont les pratiques semblent troubler certains proches de disparus.

Newspapers in French

Newspapers from Canada