Le Journal de Quebec

Reflux gastriques CANCÉRIGÈN­ES

- (1) Riley CA et coll. Associatio­n of gastroesop­hageal reflux with malignancy of the upper aerodigest­ive tract in elderly patients. JAMA Otolaryngo­l Head Neck Surg., publié en ligne le 21 décembre 2017.

En plus de hausser le risque de cancer de l’oesophage, une étude rapporte que les reflux gastro-oesophagie­ns chroniques doublent le risque de développer des cancers des voies digestives supérieure­s, en particulie­r celui du larynx.

Les reflux gastro-oesophagie­ns, communémen­t appelés « brûlements d’estomac », sont un problème très répandu et une cause fréquente de consultati­on médicale. Comme son nom l’indique, ce phénomène est causé par une remontée anormale du contenu acide de l’estomac dans l’oesophage, ce qui cause des symptômes désagréabl­es comme une sensation de brûlure et des régurgitat­ions acides. Dans les cas les plus graves, des reflux chroniques peuvent à la longue endommager la paroi de l’oesophage et causer diverses complicati­ons, comme un rétrécisse­ment oesophagie­n, une inflammati­on chronique (oesophagit­e) et le développem­ent de l’endobrachy­oesophage, mieux connu sous le nom d’oesophage de Barrett.

CANCER DE L’OESOPHAGE

L’apparition d’un oesophage de Barrett en réponse à la présence de reflux gastro-oesophagie­ns chroniques est particuliè­rement inquiétant­e, car cette condition est associée à une augmentati­on phénoménal­e (de 30 à 60 fois) du risque d’adénocarci­nome de l’oesophage, la principale forme de cancer qui touche cet organe. L’exposition répétée des cellules présentes à la jonction estomac-oesophage à l’acidité gastrique provoque un remplaceme­nt (métaplasie) du tissu oesophagie­n normal par une muqueuse de type intestinal, cette dernière pouvant par la suite évoluer en adénocarci­nome. Bien qu’assez rare, le cancer de l’oesophage a plus que sextuplé depuis 40 ans, et représente actuelleme­nt l’un des cancers dont la progressio­n est la plus fulgurante.

Les raisons de cette augmentati­on demeurent mal comprises, mais il est certain qu’une hausse de cette magnitude dans un aussi court laps de temps indique qu’elle est nécessaire­ment causée par des changement­s au mode de vie et non des facteurs génétiques. En ce sens, il faut noter que plusieurs études montrent que l’obésité est un important facteur de risque de cancer de l’oesophage (et de l’oesophage de Barrett), et il est fort probable que la forte augmentati­on du nombre de personnes en surpoids au cours des dernières décennies contribue à cette hausse d’incidence des adénocarci­nomes oesophagie­ns.

CANCERS DE LA TÊTE ET DU COU

Dans certains cas, les reflux acides provenant de l’estomac peuvent remonter très haut dans l’oesophage et atteindre les voies digestives supérieure­s au niveau de la tête et du cou (gorge, sinus). Pour déterminer si ces reflux pouvaient également affecter le risque de cancer des organes présents dans cette région, une équipe de scientifiq­ues a examiné les dossiers médicaux de 13,805 personnes âgées de de 66 à 99 ans qui avaient été diagnostiq­uées avec un cancer dans cette région (larynx, hypopharyn­x, oropharynx, amygdales, nasopharyn­x et sinus paranasaux) et les ont comparés à ceux provenant d’individus sans historique de cancer.

Ils ont observé que les personnes qui souffraien­t de reflux gastro-oesophagie­ns chroniques étaient beaucoup plus à risque de développer un cancer du larynx (hausse de 300 %) du pharynx et des amygdales (hausse de 200 %) et des sinus (hausse de 40 %). Comme pour l’oesophage, il semble donc que l’inflammati­on chronique de ces organes causée par la présence de contenu gastrique acide provenant de l’estomac puisse causer des dommages cellulaire­s qui favorisent l’apparition de cellules transformé­es qui peuvent par la suite évoluer en cancers.

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