Quelles libertés pour les enfants et les ados ?
Le docteur Joël Monzée lance un 10e livre en carrière
Aucun parent ne voudrait voir sa fille tomber entre les mains d’un proxénète comme dans la série Fugueuse, actuellement diffusée à TVA. Aucun parent ne voudrait voir non plus son ado faire une tuerie comme il y a eu dans une école à Parkland, la semaine dernière. Quelles sont les limites des libertés qu’on doit accorder à nos enfants et adolescents ?
Avec son 10e livre, paru ces jours-ci, Et si on les laissait vivre ? Accompagner avec bienveillance les enfants et les adolescents, le docteur en neurosciences et psychothérapeute Joël Monzée répond en partie à cette question.
« Les laisser vivre, ça ne veut pas dire les laisser tout faire, explique-til. Il y a une grande confusion entre la bienveillance et le laxisme. Si je suis laxiste envers mes enfants, je ne suis pas bienveillant. Je dois leur donner les limites. Je dois leur offrir des points de repère pour qu’il puisse arriver à se construire. »
Selon lui, les enfants et les adolescents doivent vivre dans un environnement bienveillant pour mieux se construire et approfondir leur personnalité, et ainsi réduire les risques de tumultes. Son livre aide à mieux comprendre les crises et les comportements, apprivoiser les émotions, bâtir un environnement cohérent pour la progéniture.
LES RÉSEAUX SOCIAUX
Impossible de ne pas aborder la question des fameux réseaux sociaux, chose qui n’existait pas lorsque Joël Monzée a commencé à pratiquer, voilà trois décennies. Aujourd’hui, il est d’avis qu’il faut absolument encadrer leur utilisation.
« Les enfants sont aujourd’hui isolés dans leur chambre avec les réseaux sociaux, ils ne sont pas en contact réel avec l’autre et ne se rendent pas compte parfois que certains mots peuvent être extrêmement dommageables pour d’autres personnes. Ça fait beaucoup de destruction », dit-il.
« La vie était peut-être plus dure à l’époque où ils n’existaient pas, mais elle était plus cohérente. Aujourd’hui, la société est de moins en moins cohérente, et de plus en plus complexe. Ça amène une charge mentale énorme dans la tête d’un peu tout le monde. »
TÉMOIN DE LA SOUFFRANCE
Le 10e livre de Joël Monzée est son plus personnel en carrière, et il a bien failli ne jamais voir le jour.
Après une série d’événements, dont une commotion cérébrale, une mésentente avec un collègue médecin et les difficultés de son fils lors de son entrée au primaire, Joël Monzée a fait face à une période de remise en question l’an dernier.
« Je me suis dit : comment est-ce que je peux accompagner des gens si moimême je ne peux pas aider mon garçon ? Il m’a fallu des mois et des mois pour comprendre ce qu’il vivait. »
« Je suis aussi en contact régulièrement avec la souffrance. Et généralement, je le gère bien. Mais à un moment donné, il y a des choses qui vont au-delà de l’entendement », ajoute-t-il.
Après des mois de réflexion, il a repris son ordinateur pour écrire. « Le livre est sorti en huit jours. C’est comme si quelque chose avait mûri pendant des mois. »