Des ratios d’infirmières à l’essai
Le dossier de l’épuisement du personnel infirmier chemine au gouvernement du Québec
Les infirmières ont remporté une première victoire dans leur partie de bras de fer avec le ministre Gaétan Barrette : Québec mettra en place des projets-pilotes pour tester des ratios de personnel infirmier par patient.
Le ministre de la Santé en a fait l’annonce à la sortie d’une nouvelle rencontre avec la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), hier, afin de régler le dossier de l’épuisement chez les infirmières.
Au total, 16 projets-pilotes seront mis en place dans les CHSLD, en médecine et en chirurgie, à partir du mois prochain et pour une période d’environ cinq mois.
Bien que ces projets-pilotes sur les ratios soient une demande de la FIQ depuis près de deux ans, le ministre Barrette affirme ne pas vouloir faire « le procès du passé ». « Ce qui m’importe, c’est par avant », dit le ministre.
DES EMBAUCHES
Pour Gaétan Barrette, la révision des ratios qui découlera des projets-pilotes mènera vraisemblablement à des embauches.
« Je serais éminemment surpris qu’on n’embauche pas plus de personnel, incluant des préposés [aux bénéficiaires], parce que les préposés sont partie prenante de tout ça », souligne-t-il.
La présidente de la FIQ, Nancy Bédard, s’est félicitée de cette avancée pour son syndicat. « On peut dire que le ministre a fait de grands pas depuis quelques semaines, ditelle. Il y a trois semaines, on n’avait rien. »
Plus tôt dans la journée, le ministre de la Santé a toutefois écarté l’idée d’une loi pour encadrer les ratios, comme le demande la FIQ.
Gaétan Barrette a fait valoir la complexité d’une telle loi. « Est-il possible, par exemple, d’écrire dans une loi un ratio qu’on aura dans un hôpital pédiatrique versus un hôpital adulte ? », illustre-t-il.
« Je comprends la demande des infirmières, mais ce n’est peut-être pas le chemin qui est approprié », estime le ministre.
SPÉCIALISTES CONTRE INFIRMIÈRES
Alors que l’entente avec les médecins spécialistes suscite de la grogne dans la population depuis une semaine, le premier ministre Philippe Couillard a pour sa part assuré que celle-ci ne nuira pas à la capacité du gouvernement d’offrir de meilleures conditions aux infirmières.
« Au contraire, dit-il. Le fait qu’on ait réussi à contenir, mettre un frein à la croissance de la rémunération médicale – ellemême et comme poids dans le système de santé – permet de dégager des marges, notamment à l’endroit des infirmières », souligne le premier ministre.
Philippe Couillard souligne que son gouvernement a « déployé beaucoup d’argent frais pour l’accès aux services » au cours des dernières années. « Je pense qu’on est mûr maintenant pour faire un effort en argent neuf pour l’ambiance et la qualité de vie au travail pour nos employés du réseau de la santé », dit-il.