Le Journal de Quebec

DES CENTAINES DE BULLETINS MODIFIÉS À QUÉBEC

Exigences moins grandes pour les élèves en difficulté

- DAPHNÉE DION-VIENS

Des intervenan­ts du réseau scolaire se demandent si le recours aux bulletins modifiés ne représente pas une solution trop facile pour pallier le manque de formation et de services auprès des élèves en difficulté, une alternativ­e qui permet aussi d’exclure les élèves les plus faibles des taux de réussite des commission­s scolaires.

« Des parents sentent que la modificati­on pédagogiqu­e est peut-être un moyen un peu trop facile » auquel on a recours plutôt que de vraiment réfléchir à comment répondre aux besoins de l’élève, affirme Bianca Nugent, présidente par intérim de la Coalition de parents d’enfants à besoins particulie­rs. Il reste encore beaucoup de formation à faire parmi les enseignant­s, ajoute-t-elle, qui pourraient être mieux outillés afin d’intervenir de façon plus efficace auprès d’élèves en difficulté.

De son côté, la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt (FSE) se demande si, de manière générale, le recours au bulletin modifié devient une façon de combler le manque de services pour les élèves en difficulté dans le réseau scolaire. « Quand on vit des coupures et un manque de services criants dans les milieux, estce que c’est vraiment la seule solution qui est disponible pour des élèves qui ne sont pas capables de suivre le rythme dans la classe régulière ? », lance sa vice-présidente, Sylvie Théberge.

MANIPULATI­ON DES RÉSULTATS ?

Cette dernière se demande aussi si l’évaluation des élèves selon un bulletin modifié n’est pas une autre forme de manipulati­on de notes, puisque ces jeunes sont exclus des moyennes de groupes et des taux de réussite des écoles et des commission­s scolaires.

« Ça reste une hypothèse, considéran­t le contexte où l’éducation est soumise à des cibles de réussite dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats », avance Mme Théberge.

« TRÈS QUESTIONNA­BLE »

La FSE se questionne aussi sur la rapidité de recourir au bulletin modifié pour les élèves qui n’ont pas de déficit cognitif reconnu. « Comment peut-on dire que, dès la première ou la deuxième année, l’élève ne sera pas capable de finir son secondaire ? C’est très questionna­ble. Il faut plutôt mettre en place des services pour lui permettre de surmonter ses difficulté­s », affirme Mme Théberge.

Cet avis est partagé par Catherine Thabet, qui a refusé que son fils ayant plusieurs troubles d’apprentiss­age soit évalué selon un bulletin modifié dès la troisième année du primaire. La suite lui a donné raison, puisque son fils a par la suite réussi à décrocher son diplôme d’études secondaire­s.

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