DES CENTAINES DE BULLETINS MODIFIÉS À QUÉBEC
Exigences moins grandes pour les élèves en difficulté
Des intervenants du réseau scolaire se demandent si le recours aux bulletins modifiés ne représente pas une solution trop facile pour pallier le manque de formation et de services auprès des élèves en difficulté, une alternative qui permet aussi d’exclure les élèves les plus faibles des taux de réussite des commissions scolaires.
« Des parents sentent que la modification pédagogique est peut-être un moyen un peu trop facile » auquel on a recours plutôt que de vraiment réfléchir à comment répondre aux besoins de l’élève, affirme Bianca Nugent, présidente par intérim de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers. Il reste encore beaucoup de formation à faire parmi les enseignants, ajoute-t-elle, qui pourraient être mieux outillés afin d’intervenir de façon plus efficace auprès d’élèves en difficulté.
De son côté, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) se demande si, de manière générale, le recours au bulletin modifié devient une façon de combler le manque de services pour les élèves en difficulté dans le réseau scolaire. « Quand on vit des coupures et un manque de services criants dans les milieux, estce que c’est vraiment la seule solution qui est disponible pour des élèves qui ne sont pas capables de suivre le rythme dans la classe régulière ? », lance sa vice-présidente, Sylvie Théberge.
MANIPULATION DES RÉSULTATS ?
Cette dernière se demande aussi si l’évaluation des élèves selon un bulletin modifié n’est pas une autre forme de manipulation de notes, puisque ces jeunes sont exclus des moyennes de groupes et des taux de réussite des écoles et des commissions scolaires.
« Ça reste une hypothèse, considérant le contexte où l’éducation est soumise à des cibles de réussite dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats », avance Mme Théberge.
« TRÈS QUESTIONNABLE »
La FSE se questionne aussi sur la rapidité de recourir au bulletin modifié pour les élèves qui n’ont pas de déficit cognitif reconnu. « Comment peut-on dire que, dès la première ou la deuxième année, l’élève ne sera pas capable de finir son secondaire ? C’est très questionnable. Il faut plutôt mettre en place des services pour lui permettre de surmonter ses difficultés », affirme Mme Théberge.
Cet avis est partagé par Catherine Thabet, qui a refusé que son fils ayant plusieurs troubles d’apprentissage soit évalué selon un bulletin modifié dès la troisième année du primaire. La suite lui a donné raison, puisque son fils a par la suite réussi à décrocher son diplôme d’études secondaires.