Il dénonce son père afin de sauver d’autres victimes
Après avoir enduré des années d’abus sexuels aux mains de son propre père dans son enfance, un Québécois a décidé de le dénoncer pour protéger d’autres enfants après avoir constaté qu’il faisait du bénévolat dans des organisations sportives.
« J’espère réussir à donner la force et le courage à une ou plusieurs victimes de dénoncer, de leur montrer qu’ils ou elles ne sont pas seuls, qu’ils peuvent eux aussi se délivrer de ce lourd fardeau sur nos épaules, nous les victimes », a lancé Marc-andré Dufour, mardi, au palais de justice de Montréal. M. Dufour, qui veut inciter les victimes d’abus à sortir de l’ombre, a fait lever l’interdit de publication sur son identité. Il témoignait aux plaidoiries sur la peine à infliger à son père de 67 ans, Jean Dufour, un ex-bénévole auprès de jeunes, reconnu coupable pour des agressions sexuelles sur son fils il y a plus de 20 ans.
À L’ARÉNA
Marc-andré Dufour, 33 ans, avait 10 ans lors des premières agressions survenues chez lui, dans un champ, un chalet et dans une grange. La victime, qui a été abusée pendant six ans, a également été agressée dans des locaux d’arénas que fréquentait son père.
« Cette enfance qui aurait dû m’appor- ter rêve et souvenirs ne me laisse que des cauchemars », a dit Marc-andré Dufour lors de son témoignage.
Malgré six années d’agressions, Marc-andré Dufour avait gardé son lourd secret jusqu’en 2010. C’est quand il a vu que son père continuait à faire du bénévolat auprès d’enfants qu’il a décidé de porter plainte.
« Le règne de la terreur arrête », avait-il écrit à son père, qui a d’ailleurs déjà été condamné à une peine avec sursis pour des contacts sexuels sur une mineure en 2004.
Marc-andré Dufour dit par ailleurs regretter de ne pas avoir dénoncé plus tôt.
« Si j’en avais parlé avant, j’aurais peutêtre pu éviter d’autres victimes après moi », a-t-il expliqué à la cour, rappelant du même coup l’importance de la vague de dénonciations lancée l’automne dernier avec le mot-clic #Moiaussi.
SÉQUELLES
Si le juge Robert Sansfaçon se range à la suggestion des avocats, Jean Dufour sera vraisemblablement condamné à une peine allant de cinq à huit ans de pénitencier.
De son côté, la victime vit avec des séquelles permanentes, a-t-elle rappelé. Et ses deux enfants doivent aussi en faire les frais.
« Ça m’oblige de tripler d’efforts pour surmonter mes malaises en face de mes propres enfants, que ce soit pour leur donner le bain, changer une couche, minoucher et câliner, a-t-il expliqué. Non, je ne serai jamais cet homme monstrueux, mais je ne peux pas profiter pleinement de l’amour de mes enfants. »
Jean Dufour continue de crier son innocence et se dit victime d’un complot. Un des seuls facteurs atténuants, selon les avocats, outre son âge, est que le risque de récidive est faible.
Il écopera de sa peine dans deux semaines.