Un scientifique sur deux encore muselé
Lent dégel de la science au gouvernement fédéral
La loi du silence règne encore chez les scientifiques fédéraux, alors qu’une majorité d’entre eux ne se sentent toujours pas libres de parler publiquement de leurs recherches, deux ans après l’arrivée au pouvoir du gouvernement Trudeau.
« Il est inacceptable que la moitié des scientifiques fédéraux se sentent toujours incapables d’exercer leur droit de parler librement aux médias ou au public de leur travail et de la science », a déploré Debi Daviau, la présidente de l’institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC).
SONDAGE INTERNE
Les libéraux avaient promis de débarrasser les scientifiques de la fonction publique de leurs muselières. Sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, les chercheurs se plaignaient de ne pas être autorisés à parler directement aux journalistes sans le filtre du politique.
Un sondage interne, mené auprès des scientifiques syndiqués de la fonction publique et diffusé hier, indique une « nette amélioration » en la matière. Mais le syndicat qualifie de « mitigé » le bilan de Justin Trudeau.
Vers la fin du règne Harper, 90 % des scientifiques ne se sentaient pas « autorisés à parler librement et sans contraintes aux médias » de leur travail. Aujourd’hui, 53 % des chercheurs partagent encore cet avis.
IMAGE « TROMPEUSE »
La ministre de la Science, Kirsty Duncan, se défend en soulignant qu’un tel « changement culturel prend du temps ».
Il n’en demeure pas moins que d’autres données du sondage laissent perplexe. Par exemple, 30 % des répondants soutiennent être au courant de cas où le fédéral a « donné une image incomplète, inexacte ou trompeuse de la réalité au public » après avoir « supprimé » ou « refusé de divulguer » de l’information scientifique.