Le Journal de Quebec

Trudeau et ses déguisemen­ts

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

On s’est beaucoup moqué de la stupéfiant­e photo de Justin Trudeau déguisé en costume traditionn­el indien dans le cadre de la visite du premier ministre canadien en Inde.

Laissons sa famille de côté, qui l’accompagna­it, naturellem­ent, mais ne doit pas être ciblée : simple question de décence.

COMÉDIE

Mais concentron­s-nous sur le premier ministre : il vient encore de nous rappeler que sa véritable vocation, c’était celle de professeur de théâtre ou de comédien, pas d’homme politique.

Manifestem­ent, Justin Trudeau n’aime rien tant au monde que se déguiser. Il entre dans la peau d’un personnage, il se donne un air grave, absolument pénétré par son rôle, et si on lui demande, il pleure sur commande.

Nous sommes devant un premier ministre mannequin.

On nous dira peut-être qu’il ne faut pas s’en formaliser, et que Justin Trudeau, finalement, n’est qu’un politicien coloré ! Les choses sont plus compliquée­s. Car avec Justin Trudeau, nous sommes dans la représenta­tion extrême de la politique-spectacle, où le politicien n’existe plus qu’à travers le regard des médias.

Mais pour demeurer à la mode, il doit pousser toujours plus loin ses pitreries. Il en vient à oublier la part de sobriété qui vient avec le pouvoir. On pourrait aussi parler du sens de la mesure et d’une certaine réserve.

Mais Justin Trudeau veut se faire célébrer pour sa modernité et son statut de citoyen du monde décomplexé. Il oublie qu’un homme capable d’emprunter toutes les identités révèle qu’il n’en a aucune.

Et c’est ici que sa manie de se déguiser devient révélatric­e d’un trait inquiétant de la mentalité canadienne.

Justin Trudeau l’a déjà dit dans sa célèbre entrevue au New York Times, à l’automne 2015 : pour lui, il n’y a pas de culture fondatrice au Canada, non plus que de noyau identitair­e.

Justin Trudeau, c’est le moins qu’on puisse dire, ne croit pas à la thèse des deux peuples fondateurs. Il l’a dit : ce qui caractéris­e fondamenta­lement le Canada, c’est sa diversité, qui lui sert d’identité.

Alors selon la cérémonie à laquelle il assiste ou le lieu où il se trouve, Justin Trudeau emprunte l’identité du moment. Le Canada aime croire qu’il est tout : en fait, il n’est rien. Il confond le néant avec l’immensité, et le vide avec la profondeur.

CANADA

C’est le laboratoir­e du multicultu­ralisme radical. Et Justin Trudeau est le Canadien par excellence.

Il ne faut pas oublier une chose : en 2008, Justin Trudeau, qui n’était alors que candidat à l’investitur­e libérale dans Papineau, avait enregistré une vidéo électorale en franglais, alors que la chose n’était pas encore à la mode.

Il condamnait pourtant ainsi le français à se fondre dans une mauvaise purée multicultu­raliste. Parler deux langues, c’est bien.

En parler deux dans la même phrase, c’est grotesque.

L’évidence nous frappe au visage : le Canada version Trudeau embrasse toutes les cultures, mais se montre incapable du moindre respect pour le peuple québécois. Alors là, il devient intolérant.

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Justin Trudeau est à l’image du Canada.

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