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BETTMAN A FAIT LA DÉMONSTRATION QUE LES JEUX NE PEUVENT PLUS SE PASSER DE LA LNH
PYEONGCHANG | Le souvenir : je suis assis tout en bas des estrades pour savourer les dernières minutes d’un match insensé. D’un côté la Finlande, qui mène 3 à 2 contre le Canada, se démène avec une énergie folle.
On se défend en se lançant devant les tirs, en grappillant des secondes ici et là. Le buzzer indique la fin du match. Les joueurs de la Finlande viennent de gagner le bronze. Mais c’est comme l’or tellement ils sont heureux et joyeux. Je regarde Patrick Roy, le visage fermé qui passe près du groupe de fêtards. Il ne dit pas un mot, n’a pas un regard. Il est abasourdi. Pas d’or, pas d’argent, pas de bronze à Nagano. Les estrades vibrent, je griffonne quelques notes. Le hockey aux Jeux olympiques ne sera jamais plus pareil.
La réalité : exactement 20 ans plus tard, je suis assis tout en haut de la galerie de presse presque vide du Hockey Center de Gangneung. Si ce n’était que la galerie de presse qui était vide, ça ne serait pas si pire. Il y a peut-être deux ou trois mille spectateurs dans le vaste édifice. Les sièges d’un bleu San Jose Sharks, pourtant une couleur apaisante, sont presque agressifs tellement ils sont visibles. Ils prennent toute la place. Comme les bancs du Centre Bell dans le milieu d’une très mauvaise troisième période. Mais c’est encore pire. C’est sinistre.
On est aux Jeux olympiques. Canada-finlande, on parle de deux grandes nations du hockey. C’est vide, c’est plate comme ambiance et si on ne connaissait pas Maxim Lapierre et quelques autres joueurs, on s’en sacrerait complètement.
Gary Bettman a gagné. Hier soir, il a fait la démonstration qu’il voulait faire. Faire la preuve que les Jeux olympiques, tout puissants soient-ils, ne peuvent plus se passer de la Ligue nationale de hockey. Napoléon va enfin avoir sa revanche.
LA PASSION EST PERDUE
Comment pensez-vous que les réseaux de télévision américains et canadiens se sentent à la veille du gros week-end de hockey des Olympiques ? Les États-unis sont déjà sortis du tournoi après leur défaite contre les Tchèques et le Canada, sans aucune vedette pour attirer le téléspectateur américain, devrait maintenant atteindre la finale puisque l’allemagne, calvaisse !, l’allemagne a battu la Suède.
Les audiences vont être désastreuses. Avec Sidney Crosby et Evgeni Malkin pour les Russes, t’attrapes des fans à Pittsburgh. Avec Steven Stamkos et Nikita Kucherov, tu touches la région de Tampa Bay. Et ainsi de suite. Même sans les États-unis dans les rondes de médaille, tu peux toujours vendre ta salade. Ça reste les meilleurs du monde.
Mais là, avec tous mes respects aux valeureux joueurs qui portent les couleurs de leur pays, tu vends quoi ? Et vous l’avez compris, les Jeux olympiques, ce n’est pas du sport, c’est du commerce. C’est des tickets et du temps d’antenne que tu vends des milliards.
Là, c’est simple. Il n’y a plus de produits sur les tablettes.
LES QUATRE AS DANS LA MAIN DE BETTMAN
René Fasel, qui est un homme brillant, a tout fait pour éviter le désastre. Comme président de la Fédération internationale de hockey sur glace, il a tenté de convaincre l’exécutif du CIO de faire un effort ultime pour convaincre Gary Bettman. Il savait ce qui se préparait. Il savait que tout le hockey hors LNH mangerait une sacrée claque. Luimême perdrait de la crédibilité dans l’aventure.
Fasel a assez négocié avec Bettman pour savoir que le commissaire, qu’on l’aime ou pas, est d’une intelligence supérieure. Qu’il a un instinct très fort de la négociation. Peut-être acquise dans les cours d’école où la vie ne devait pas être facile à cause de sa petite taille. Bettman voulait Las Vegas, il a Las Vegas. Bettman voulait Seattle, il va avoir Seattle. Il aura Québec quand il voudra avoir Québec.
Et le petit commissaire voulait avoir les bonzes et faux nobles du CIO à genou devant lui. Dimanche après-midi, ce sera chose faite.
gens moins expérimentés en Corée. Question de leur donner un bain d’olympisme.
Et pour Tokyo. C’est déjà réglé. C’est M. Sieber qui sera responsable du tournoi de soccer tant pour la FIFA que pour le CIO. Tricia va pouvoir amener un p’tit jeune au Japon.
Évidemment qu’avec Walter Sieber dans les parages, le Comité olympique canadien aurait été obligé d’être plus vigilant dans sa façon de traiter avec mépris le français. Un Suisse francophone, surtout quand il est hyper compétent et cultivé, est plus reposant à la maison.
By the way Tricia, do you know when we’ll get our interview ?