Le blues de Trudeau

CLAUDE VILLENEUVE

Personne n’a oublié la puissance de Claude Dubois lorsqu’il reprend son souffle pour lancer le refrain épique. J’aurais voulu être un artiste Pour pouvoir faire mon numéro C’est la complainte de Zéro Janvier, personnage de Starmania. Du haut de son immense tour, le businessman chante son blues d’avoir consacré sa vie à l’argent plutôt qu’à la création. Par désoeuvrement, il deviendra président de l’occident pour enfin sentir la chaleur des projecteurs.

En écrivant cette chanson, Luc Plamondon l’ignorait, mais il racontait la vie de Justin Trudeau dans le désordre.

UN ACTEUR

Après une jeunesse bohème, Justin Trudeau n’avait pas l’intelligence de son père pour devenir un grand intellectuel. Végétant entre le programme Katimavik et l’enseignement, cet artiste dans l’âme rêvait d’une gloire qu’il n’arrivait pas à trouver en faisant de la figuration dans des films de propagande. J’aurais voulu être un acteur Pour tous les jours changer de peau Et pour pouvoir me trouver beau Sur un grand écran en couleur Le souci, c’est qu’il n’était pas assez talentueux pour percer et qu’il n’avait pas assez de profondeur pour être pertinent.

Pour connaître la gloire, ne restait plus à Justin qu’à se tourner vers l’entreprise familiale, le Parti libéral du Canada.

Justin Trudeau serait premier ministre de l’occident pénitent, ou ne serait rien.

LE VIDE

Nous voilà donc spectateurs, payant très cher notre billet pour assister à l’insupportable spectacle de cet homme vide qui voulait faire de sa vie un théâtre. Le voir traîner sa malle à costumes en Inde n’en est que l’affligeant dernier exemple.

N’ayant rien à dire, il se déguise. N’ayant personne pour le recevoir, il fait du tourisme. N’ayant pas trouvé de motif pour pleurer, il pose en prière.

Justin Trudeau a voulu être politicien, pour pouvoir dire pourquoi il existe. Une fois qu’il en a eu l’occasion, il n’a rien trouvé à raconter.