Le Journal de Quebec

Victis honorem ! Pas de… vae victis !

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PYEONGCHAN­G | À un moment donné, gagne ou perd, ce n’est plus l’essentiel. Je sais que gagner est non seulement important, mais que c’est la seule chose qui compte pour les Vince Lombardi de ce monde, mais hier, en regardant les Américaine­s célébrer avec une joie débordante devant des Canadienne­s en pleurs, je me suis dit qu’à un tir de différence, ç’aurait été l’inverse.

Alors aussi bien féliciter les Américaine­s qui de toute façon ont mieux joué que les Canadienne­s et inclure dans le bouquet de compliment­s toutes les joueuses des deux équipes. Les Yankees n’avaient pas gagné l’or aux Jeux olympiques depuis vingt ans même si elles battaient régulièrem­ent les Canucks aux Championna­ts du monde. Il leur arrivait toujours quelque chose…

Mais vous les avez vues ? Des deux bords. Se défoncer, plonger tête première devant les rondelles, se ruer sur le puck dans les coins, vous les avez vues tout donner, tout, tout, absolument tout ce qu’elles avaient en elles pour gagner un si beau match ?

Et vous voudriez qu’on critique ? Qu’on se plaigne de quelque chose ? Qu’on se lamente parce que le match s’est décidé en tirs de barrage ?

Honneur aux vaincues. Et bravo les gagnantes !

LES TIRS DE BARRAGE

Si la Coupe du monde de soccer se décide parfois en tirs de barrage, une médaille d’or peut aussi dépendre d’une feinte, d’un arrêt, d’un instinct de génie.

De toute façon, le Canada a eu une chance en or de gagner quand Marie-philip Poulin a forcé une Américaine à écoper d’une pénalité avec un peu moins de deux minutes à jouer en prolongati­on. Au hockey, quatre contre trois, c’est mortel. Sur la galerie de presse, on a applaudi (intérieure­ment) la décision de Laura Schuler de demander un temps d’arrêt. Ça donnait le temps à Marie-philip de revenir sur la patinoire pour l’avantage numérique. Comment voulez-vous ne pas avoir en tête ses buts vainqueurs de Vancouver et de Sotchi?

Ce n’est pas arrivé cette fois. Ce sera peut-être pour Pékin. Marie-philip est encore toute jeune même si elle est l’expériment­ée capitaine de cette vaillante équipe.

DU COEUR ET DE LA TÊTE

Je sais que le Canada et les États-unis dominent outrageuse­ment le hockey féminin depuis un quart de siècle. Je sais que les Finlandais­es, les Suédoises, les Russes et les Tchèques n’arrivent pas à rogner l’avance des deux grandes puissances. Je sais tout ça, mais je sais surtout que la finale pour la médaille d’or du hockey féminin depuis Nagano est souvent le clou des Jeux. À Nagano, les fans avaient les yeux pleins d’eau en voyant brailler les Canadienne­s après leur défaite. Et à Salt Lake City, qui donc a oublié l’incroyable leçon de coaching de Danielle Sauvageau qui avait permis une conquête dramatique de la médaille d’or ?

Et Sotchi ? Sotchi et l’impossible, Sotchi et ce film extraordin­aire dont la fin avait été changée au montage par un réalisateu­r génial. Vous ne comprenez pas vraiment ce que je veux dire ? C’est que vous avez oublié ce déblaiemen­t, le filet désert, et la rondelle qui frôle le poteau. Puis le but de Marie-philip Poulin pour égaler la marque. Et l’autre en prolongati­on…

Hier, je suis resté longtemps debout dans la galerie de presse et je regardais la joie et la peine des filles sur la patinoire. Et je me disais que Claude Julien devrait en inviter une couple dans le vestiaire des Piteux. Pour que les soeurs Lamoureux des USA ou Meghan Agosta ou Marie-philip Poulin du Canada viennent parler à ses joueurs de coeur et de tête.

Parce que les filles n’ont pas juste le coeur gros comme le Centre Bell. Elles ont aussi la tête à la bonne place. Les avez-vous vues se passer le puck ? Avezvous vu comment elles développen­t des patrons de jeu à l’intérieur d’un système de jeu complexe?

Elles savent jouer au hockey, elles !

DANS LE CALEPIN | Et l’annonceur maison a présenté les francophon­es avec l’accent francophon­e.

Quant à Tricia, ç’a bien l’air qu’on va devoir se reprendre pour notre entrevue…

LES AMÉRICAINE­S ONT MIEUX JOUÉ QUE LES CANADIENNE­S

 ?? PHOTO AFP ?? Jocelyne Larocque (ci-dessus) a enlevé la médaille d’argent de son cou pour la tenir dans sa main. Elle ne l’a pas lancée dans les estrades, elle n’a pas craché dessus. Elle est restée digne dans sa peine...
PHOTO AFP Jocelyne Larocque (ci-dessus) a enlevé la médaille d’argent de son cou pour la tenir dans sa main. Elle ne l’a pas lancée dans les estrades, elle n’a pas craché dessus. Elle est restée digne dans sa peine...

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