Une tragédie que plusieurs redoutaient
Une équipe de travailleurs du ministère des Transports du Québec fauchée par un présumé conducteur ivre
Des travailleurs de chantiers du MTQ ne sont pas surpris du grave accident provoqué par un présumé chauffard ivre et qui a coûté la vie à un des leurs, en plus d’en blesser deux autres gravement, tard vendredi.
« Des gars chauds, on en voit sur la route. Alors, c’est dur d’être étonné de voir une pareille tragédie », laisse tomber Michel, un travailleur d’une vingtaine d’années d’expérience.
Le mot d’ordre du ministère des Transports du Québec (MTQ) hier était de ne pas commenter l’accident qui a fait un mort et sept blessés sur l’autoroute 20, à Dorval, à l’ouest de Montréal.
Ce qui n’a pas empêché plusieurs employés de partager leurs réflexions avec Le Journal sous le couvert de l’anonymat, par peur de représailles.
« On ne sait jamais ce qui va arriver sur notre quart de travail, surtout la nuit. On a beau être visibles et avoir de la protection, nous ne sommes jamais à l’abri d’une catastrophe », soupire un de ses collègues.
Ce que plusieurs craignaient est finalement survenu vendredi soir.
AUCUNE CHANCE
Vers 23 h 30, une camionnette de l’entreprise Forage MSE a embouti un VUS dans une zone de chantier mobile du MTQ, près du rond-point Dorval, en direction ouest.
Le véhicule a été propulsé entre le camion atténuateur et la glissière de sécurité qu’une équipe du ministère s’affairait à réparer.
Stéphane Lebel, 44 ans, de Montréal, a péri coincé entre le VUS et un camion cube.
« Il n’avait aucune chance, ça s’est passé tellement rapidement », raconte Anita Fresca, qui a été témoin du carnage.
L’homme dans la quarantaine faisait des heures supplémentaires et ne devait pas se trouver sur le chantier ce soir-là, selon plusieurs sources. Il semblerait qu’il travaillait au MTQ depuis peu longtemps.
Deux autres travailleurs ont été blessés gravement, mais on ne craignait pas pour leur vie, selon les autorités. La conductrice du VUS ainsi que quatre autres employés s’en sont tirés avec des blessures mineures.
« Le moral est bon malgré tout. Ils essaient de se soutenir », affirme Fabrice Lacoursière Dastous, dont le père Jacques a subi une fracture à la jambe.
Les travailleurs étaient tous issus du Centre d’opération Turcot du MTQ et se connaissaient bien.
GRAVES ACCUSATIONS
Le présumé chauffard, Vincent Lemay, 38 ans, a été arrêté sur les lieux par la Sûreté du Québec.
Il a comparu par vidéoconférence hier et doit faire face à 16 chefs d’accusation, dont conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort et des lésions.
Son taux d’alcoolémie au moment de l’accident aurait été de deux fois la limite permise.
Selon nos informations, après sa journée de travail, il se serait arrêté dans un restaurant où il a passé la soirée.
La tragédie est survenue alors qu’il retournait chez lui, à Saint-zotique.