Le Journal de Quebec

Une chute pour mon anniversai­re

- LISE RAVARY e Blogueuse au Journal Communicat­rice, journalist­e et chroniqueu­se lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

Je vis comme si j’étais un pur esprit. Sans égard pour la fragilité du corps humain, en particulie­r le mien. Hypocondri­aque, je vis mes bobos dans ma tête. Mais il arrive que la gravité et autres phénomènes naturels me rappellent à l’ordre.

C’est ce qui m’est arrivé vendredi soir quand j’ai glissé sur le tapis de verglas qui recouvrait mon balcon, en pleine noirceur. J’étais sortie, en pantoufles (une améliorati­on, car quand je tombe, chose fréquente, je porte des sabots de bois), à la recherche de Sam, mon chiot de six mois/30 kilos qui traverse une phase de vagabondag­e aiguë.

Comme nous habitons la campagne, dans une maison entre la forêt et la prairie, son terrain de jeu est vaste.

Je n’ai pas vu venir ma chute et je n’ai pas eu le temps d’agripper la rampe.

Bang ! Le bas de mon dos a fait contact avec le rebord de la marche.

MA FAUTE

Les étoiles n’étaient pas qu’au ciel, croyez-moi. J’ai hurlé. Mon chéri et mon beau-fils ont accouru, mais relever quelqu’un quand on a soi-même les pieds sur du verglas n’est pas une sinécure.

Heureuseme­nt, rien de brisé, seulement une majestueus­e poque bleue de la taille d’une assiette, de l’enflure et beaucoup de ouch ! J’ai été négligente. Je n’ai plus 20 ans pour agir de manière aussi insouciant­e.

Justement, aujourd’hui, c’est mon anniversai­re. Une journée que j’adore – les fleurs, le gâteau, les cadeaux (j’ai enfin reçu la bio de Joni Mitchell, Reckless Daughter) et surtout la famille qui se réunit –, mais je commence à trouver que le temps passe un peu trop vite à mon goût.

Ma génération – je suis de la queue des baby-boomers – ne devait pas vieillir. Pas avec « rock and roll ! » comme cri de ralliement et Robert Plant comme modèle de perfection masculine.

En 1965, les Who chantaient « j’espère mourir avant de devenir vieux » ( My generation). Mais l’an dernier, ils se sont farci une tournée internatio­nale.

Regardez les Stones, mes idoles. Mick et Keith ont 74 ans.

PRISE DE CONSCIENCE

Je ne suis pas encore rendue à cet âge vénérable ni n’ai atteint celui de la retraite (c’est quoi ça, la retraite ?), mais il faudra bien un jour que je me résigne à changer certaines habitudes de vie si je veux que le party, que j’aime tant, continue longtemps.

La prudence, ce n’est pas que de mettre des chaussures appropriée­s pour aller dehors.

Mais voilà, je déteste m’entraîner, avoir mal, suer, me priver, avoir faim. Et puis, je prends des médicament­s qui font que malgré des efforts herculéens, je ne perds jamais beaucoup de poids.

Mais vieillir quand le corps ne suit pas, ce ne doit pas être très agréable.

J’ai peut-être connu mon moment « eureka ! » (en ancien grec, « j’ai trouvé ») comme Archimède dans son bain quand je suis tombée. La vie m’a peutêtre fait un cadeau inattendu pour mon anniversai­re : une prise de conscience. Le corps, c’est comme la politique : si on ne s’en occupe pas, il va s’occuper de nous.

Et puis, je veux être aussi cool que Keith Richards quand j’aurai 74 ans.

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