4 ANS D’ATTENTE POUR RIEN
Encore des ratés dans l’accès à un médecin de famille
Malade, Jocelyn Martel est incapable de trouver un omnipraticien et a découvert que son dossier traînait sur un bureau.
Un résident de Québec qui attend un médecin de famille depuis près de quatre ans s’impatiente après avoir découvert que son dossier dormait sur le bureau d’un médecin.
Jocelyn Martel explique qu’il s’est inscrit au printemps 2014 au Guichet d’accès pour la clientèle orpheline (GACO), l’ancêtre du Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF).
L’homme de 54 ans, aux prises avec d’importants troubles cardiaques, affirme que son dossier est « gelé », perdu dans ce qu’il appelle « les limbes » du système de la santé. C’est la conclusion qu’il tire de la réponse du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-nationale à une plainte qu’il a déposée en début d’année.
Dans une lettre que Le Journal a pu consulter, le commissariat aux plaintes mentionne à M. Martel que sa demande a essuyé le refus d’au moins un médecin, en juin 2017. Puis, le 31 juillet 2017, son dossier a été acheminé à un autre omnipraticien qui n’avait toujours pas fourni de réponse, sept mois plus tard.
« Déjà que le délai est long, là, il y a un délai inutile de sept mois qui n’est pas terminé encore. C’est ce qui m’a accroché », s’exclame l’analyste informatique à la retraite, stupéfait qu’il n’y ait aucun mécanisme pour prévenir ce type de situation.
En attendant, son nom ne figure plus sur la liste d’attente du GAMF, lui a-t-on confirmé. « Je me sens délaissé par le système, [c’est] injuste et choquant », enchaîne-t-il.
CAS LOURD
M. Martel signale que sa santé est précaire. Depuis quelque temps, il peine à avaler et ses paupières s’abaissent, des symptômes caractéristiques de la dystrophie musculaire oculopharyngée, une maladie chronique héréditaire qui a emporté sa mère et trois de ses oncles.
Les omnipraticiens ayant la liberté de refuser les patients sur la liste d’attente du GAMF, il se demande si sa condition de santé ne lui nuit pas dans le processus et craint de voir son dossier refusé à répétition. « Poussé à l’extrême, tu peux passer ta vie à attendre un médecin », lance-t-il.
L’homme critique au passage le peu d’information fournie par le GAMF, ce qui force les usagers à porter plainte pour connaître l’état de leur demande.
DÉLAI VARIABLE
Invité à commenter le cas de M. Martel, le CIUSSS de la Capitale-nationale a admis n’avoir aucun contrôle sur le cheminement du dossier d’un usager du GAMF lorsqu’il se retrouve entre les mains d’un médecin de famille pour analyse.
« Une fois que le client est attribué au médecin, nous ne voyons plus l’usager dans le guichet et n’avons plus de responsabilité et de pouvoir sur les délais du médecin à prendre en charge ou non l’usager », a expliqué dans un échange de courriels avec Le Journal la porte-parole Annie Ouellet.
Le CIUSSS précise que le délai entre l’inscription au GAMF et la prise en charge par un médecin varie en fonction de l’état de santé du patient et de la disponibilité des effectifs médicaux sur le territoire.
À l’annonce du GAMF, en avril 2016, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, avait mentionné qu’un suivi serait assuré auprès des médecins pour qu’ils ne choisissent pas un seul type de patient.
« J’AI PLUS DE CHANCES D’ÊTRE SÉLECTIONNÉ DANS LA LISTE DE SAINT PIERRE, AU CIEL, QUE DANS LA LISTE DE GAÉTAN BARRETTE » — Jocelyn Martel, usager du Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF)