Le Journal de Quebec

Trudeau : le point de non-retour

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

Connaissez-vous l’expression « jumping the shark » (sauter par-dessus le requin) ? Cela décrit le moment où une série télévisée amorce son déclin. Le point de non-retour créatif.

Pourquoi « sauter par-dessus le requin ? » Dans un épisode de la comédie américaine Happy Days, The Fonz, le personnage principal, saute par-dessus un requin en faisant du ski nautique. Une cascade invraisemb­lable.

En Inde, Justin Trudeau a sauté par-dessus son requin. Ou, comme on dit au Québec, il a frappé son Waterloo.

LES RESPONSABL­ES

L’organisati­on d’un voyage officiel (seule la gouverneur­e générale fait des voyages d’état) prend plusieurs mois, comme le tournage d’un film dans lequel le premier ministre joue le premier rôle.

Des travailleu­rs de l’ombre organisent l’itinéraire, les rencontres, les réceptions, la sécurité. Ils conseillen­t le PM sur les écueils à éviter, les faux pas à ne pas commettre, les occasions à saisir, le protocole, les us et coutumes locaux, etc.

Même le choix des tenues de sa garde-robe de maharajah que le magazine Vanity Fair a comparées au « style Donald Trump en matière de décoration intérieure ». Ouch.

Depuis son arrivée au pouvoir, on entend des rumeurs de désorganis­ation extrême au bureau du premier ministre. Les choses seraient-elles en train de se désagréger ?

QUESTIONS

Un look qui rappelle la déco style Donald Trump, écrivait Vanity Fair

Pourquoi personne ne lui a dit qu’il allait faire rire de lui, attriqué comme s’il assistait à un mariage ?

Pourquoi personne ne lui a dit que d’amener ses enfants envoyait un mauvais message sur l’importance de l’école ?

Pourquoi personne ne lui a dit qu’il donnait l’impression d’instrument­aliser sa famille, surtout quand ils semblent en prière ?

Pourquoi personne ne lui a dit qu’un extrémiste sikh coupable de tentative de meurtre sur un ministre indien en Colombie-britanniqu­e s’était immiscé dans son voyage ?

Pourquoi personne ne lui a dit qu’un voyage officiel de huit jours offre trop d’occasions de se mettre les pieds dans les plats quand les relations entre les deux pays sont difficiles ?

Pourquoi personne ne lui a dit qu’en niant avoir mentionné le séparatism­e québécois qu’il accusait son hôte de mentir ? Et que s’il l’a dit, c’est lui qui a menti et qui a gravement insulté le Québec ?

Pourquoi personne ne lui a dit que les intérêts de la diaspora sikhe ne sont pas nécessaire­ment les mêmes que ceux du Canada ?

LE COÛT

Ce voyage va coûter des millions, ne rapportera que des pinottes et de gros maux de tête pour tous les membres de son gouverneme­nt qui devront défendre l’indéfendab­le.

Pourquoi personne ne lui a dit que ce voyage aurait l’apparence de vacances de luxe en famille payées par les contribuab­les, alors que la controvers­e entourant les séjours chez l’aga Khan n’est pas encore calmée ?

Pourquoi personne ne lui a dit qu’à son retour, quand le coût du voyage sera révélé, il sera emporté par un scandale en forme de tornade ?

Son périple de 10 jours en Chine lors du G20 en 2016, accompagné de sa famille, avait coûté 1,8 M$, mais avait permis de débloquer de gros dossiers commerciau­x valant des milliards.

Mais quelqu’un a bien choisi la date de retour, car le budget fédéral sera déposé demain. Les questions sur l’inde devront attendre.

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