Le Journal de Quebec

Les oscars : tasse-toi, mononc’ !

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher@quebecorme­dia.com

Six, cinq, quatre, trois, deux, un ! On est à moins d’une semaine des oscars 2018, mais déjà, j’aimerais remettre l’oscar de la suggestion la plus idiote : « Étant donné que 2017 a été marquée par des scandales sexuels et par le mouvement #Moiaussi, il faudrait que ce soit une femme qui anime les oscars cette année au lieu d’un homme ». Quelle théorie niaiseuse !

HOMMES-FEMMES, MODE D’EMPLOI

Ça fait plusieurs fois que je lis cette théorie fumeuse. À cause des révélation­s qui ont ébranlé Hollywood en 2017, demander à une femme d’animer la soirée des oscars enverrait un message fort. « Si Hollywood veut vraiment nous montrer que la parole des femmes est prise au sérieux, il faut que ce soit une femme qui anime ».

Ceux qui pensent que Jimmy Kimmel devrait céder sa place juste parce qu’il est un homme font preuve d’un drôle de raisonneme­nt bancal. Le porc/prédateur sexuel Harvey Weinstein est un homme. Jimmy Kimmel est un homme. Donc Kimmel, s’il anime les oscars, représente tous les hommes qui sont des porcs.

Heu, non, les amis. Tous les hommes ne sont pas des Weinstein en puissance. Pourquoi Kimmel devrait-il perdre sa job juste parce que des hommes (qui n’ont rien en commun avec lui à part le fait qu’ils ont un macaroni dans le pantalon) se sont comportés comme des goujats ?

C’est fou comme parfois, pour certains « progressis­tes », des principes de base de la démocratie sont balayés sur le tapis.

Si tu veux, au nom du féminisme, que ce soit une femme qui anime les oscars, tu te trompes. Le féminisme, c’est l’égalité hommes-femmes. En quoi est-ce égalitaire de priver un gars de la job la plus convoitée de la planète à cause de son pénis ? N’est-ce pas, au contraire, un énorme cas de sexisme ? Il y a une expression anglaise que j’adore : « Two wrongs don’t make a right », qu’on peut traduire par « Deux injustices ne représente­nt pas une réparation de justice. » Ce n’est pas en faisant de la discrimina­tion contre les hommes qu’on va régler le problème de discrimina­tion envers les femmes.

Touthomme qu’il soit, Kimmel ne pourra pas passer à côté de l’énorme éléphant dans la pièce

PARTY TIME !

Rassurez-vous : tout homme qu’il soit, Kimmel ne pourra pas passer à côté de l’énorme éléphant dans la pièce.

Il a prédit qu’il parlerait de #Moiaussi et de Time’s up à plusieurs reprises… à moins qu’un missile nucléaire ne se dirige vers les États-unis ce soir-là. Mais va-t-il passer la soirée à en parler ? « C’est comme rentrer dans un bain chaud : tu ne peux pas vraiment savoir quelle est la températur­e tant que tu n’es pas dedans. » Mais Jimmy Kimmel a surtout répondu ceci aux journalist­es : « Il faut que tu te souviennes pourquoi tu es là : tu divertis les gens lors de la plus grande soirée de leur vie. Si ça devient trop lourd, tu t’éloignes de ça. »

2018 : ANNÉE DE LA FEMME

Si on suit la logique de ces tenants du « tasse-toi, mononc’ », tant qu’à y être, pourquoi ne pas donner tout de suite l’oscar de la meilleure réalisatio­n à Greta Gerwig pour Lady Bird, juste parce que c’est une femme ?

Vous voyez comme c’est absurde.

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