Denis Villeneuve accueilli en star
Le cinéaste québécois a offert une leçon de cinéma hier
À une semaine des oscars, où son film Blade Runner 2049 est nommé pour cinq prix, Denis Villeneuve s’est confié sur sa passion, ses influences, ses réussites et ses craintes lors d’une leçon de cinéma très courue présentée hier dans un Théâtre Maisonneuve rempli à craquer.
Combien de cinéastes peuvent se vanter de remplir une salle aussi grande que le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts (plus de 1400 sièges) pour une classe de maître ? L’événement organisé dans le cadre des Rendez-vous Québec Cinéma devait d’abord avoir lieu à l’auditorium de la Grande Bibliothèque. Mais pour répondre à la forte demande du public (les premiers billets se sont écoulés en moins d’une heure), la leçon de cinéma a rapidement été déplacée au Théâtre Maisonneuve.
Accueilli sur scène sous les applaudissements, Denis Villeneuve a d’ailleurs semblé luimême surpris par l’accueil de rock star auquel il a eu droit : « Quand j’ai accepté de faire une leçon de cinéma, ça devait d’abord avoir lieu dans une salle intime de 80 ou 90 personnes. Et là, c’est devenu ça ! » a-t-il lancé en riant.
Questionné par l’animatrice Marie-louise Arsenault, Villeneuve s’est confié pendant près de deux heures sur les moments importants de sa carrière et sur sa vision du cinéma.
Il a d’abord évoqué ses premières influences, comme le cinéma américain et les films de Steven Spielberg (dont Rencontres du troisième type).
SA CARRIÈRE
Il a ensuite rendu hommage à ses professeurs à l’école avant de souligner l’importance de sa participation à la Course EuropeAsie, en 1990-1991 : « À l’école, j’ai appris à réfléchir le cinéma, mais c’est à La Course que j’ai appris à travailler sur le terrain », a-t-il résumé.
Il a évidemment beaucoup été question de Hollywood, où Villeneuve tourne des films depuis quelques années. Le cinéaste de 50 ans a admis qu’il s’était retrouvé à Hollywood « par accident », après que la nomination aux oscars de son film Incendies lui a ouvert des portes là-bas.
« Ce n’était pas du tout mon but d’aller travailler là-bas, mais je m’y sens étrangement chez moi, a admis le réalisateur de Sicario et L’arrivée. Je ne considère pas que Hollywood est un système parfait. Mais quand tu veux faire un film de science-fiction, il y a les moyens pour le faire. »
Villeneuve s’est aussi questionné à voix haute sur le fait qu’il se sentait plus à l’aise de raconter des histoires qui se déroulent dans d’autres pays :
« Je sens que j’ai comme une peur d’évoluer dans ma propre culture, a-t-il analysé. Je suis le contraire de Xavier Dolan. Lui et la majorité des cinéastes d’ici parlent du Québec, de leurs racines et de leur culture. Moi, j’ai fait neuf longs métrages et je considère qu’il y a un seul de ces films, Polytechnique, qui parle du Québec. C’est peut-être une question de pudeur. »
Le cinéaste n’écarte pas, d’ailleurs, la possibilité de revenir un jour tourner un film au Québec. Mais ce ne sera pas pour tout de suite puisqu’il planche actuellement sur une nouvelle adaptation cinématographique du roman de science-fiction Dune, qui devrait le tenir occupé pour les prochaines années.
« Je suis le contraire dexavierdolan» – Denis Villeneuve