L’argent des médecins chez des marchands d’armes
La Fédération des médecins omnipracticiens détient des titres dans sa caisse de retraite
Alors que le mouvement de grogne contre les armuriers prend de l’ampleur aux États-unis, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) continue d’investir dans des titres de fabricants d’armes à feu, a constaté Le Journal.
La FMOQ, qui détient ses propres fonds d’investissements et de retraite pour ses membres, détenait hier des participations dans au moins deux des plus grands fabricants d’armes à feu aux États-unis.
Selon le site Morningstar, le Fonds FMOQ actions internationales détenait au 31 décembre dernier plus de 5200 actions dans le fabricant d’armes Vista Outdoor, et près de 1000 actions du fabricant Sturm, Ruger & Company.
Au Canada, le Fonds FMOQ actions internationales fait partie des 10 plus gros actionnaires de ces deux fabricants d’armes à feu avec la Banque TD, la Banque CIBC et la Banque HSBC, indique Morningstar.
« DES PINOTTES »
Joint par Le Journal, le responsable des Fonds FMOQ s’est tout d’abord montré surpris de voir ces titres apparaître au sein du portefeuille international du fonds de retraite des médecins québécois.
« Ça se peut. Le gestionnaire de notre portefeuille international suit une stratégie indicielle. Il suit l’indice », s’est tout d’abord défendu le vice-président des Fonds FMOQ, Jean-pierre Tremblay, ajoutant que sur 2 milliards $ d’actifs sous gestion, ces placements ne représentaient « que des pinottes ».
Interrogé sur le côté éthique de ces investissements alors que les médecins se réfèrent dans leur pratique au serment d’hippocrate (règles d’éthique professionnelle), le porte-parole des Fonds FMOQ a tenté de minimiser l’importance de ces placements.
« On essaie de respecter dans tous nos fonds des placements responsables. Mais ce serait un peu mal venu de donner au gestionnaire [NDLR : CIBC] des contre-ordres par rapport au mandat global de suivre l’indice. On va regarder ce que cela représente », a-til dit avant de démontrer une ouverture à réviser sa politique de placements.
« Vous me le dites, et honnêtement, je n’en étais même pas conscient. On va demander au gestionnaire si cela a vraiment un impact de retirer ces titres-là de sa stratégie indicielle », a fait valoir M. Tremblay.
MANQUE DE JUGEMENT
Selon le gestionnaire de fonds Fabien Major et chroniqueur au Journal, la Fédération des omnipraticiens manque de jugement en continuant à investir dans des titres de fabricants d’armes à feu.
« Je suis très surpris de voir qu’ils ont encore ces titres dans leur portefeuille. Ce n’est pas un débat nouveau. Ils ont pourtant un comité de retraite sérieux. Ils ne sont pas obligés de détenir ces titres », a précisé M. Major.