Le Journal de Quebec

Le voisin gonflable

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

Avant-hier, Le Journal a publié la retranscri­ption d’un long entretien que le père de l’assurance maladie, Claude Castonguay, a accordé à Fatima Houda-pepin.

Un passage m’a particuliè­rement plu.

« Le ministre Gaétan Barrette a convaincu Philippe Couillard que la rémunérati­on des médecins au Québec devait être au moins au même niveau que celle des médecins en Ontario.

Or, ce principe ne tient pas la route, car l’ontario est une province beaucoup plus prospère que la nôtre. »

« S’il fallait rémunérer tous les corps de métier, toutes les profession­s au même niveau que l’ontario, à un moment donné, ça éclaterait. On ne peut pas soutenir la comparaiso­n. »

MOI AUSSI, MOI AUSSI !

En d’autres mots : ce n’est pas parce que ton voisin s’est fait creuser une piscine olympique dans sa cour qu’il faut que tu l’imites.

Tu n’as peut-être pas les mêmes moyens que lui.

Selon The Conference Board, la Colombie-britanniqu­e est la province la plus riche du pays. Viennent ensuite l’ontario, le Manitoba et le Québec.

Si on veut absolument se comparer à une province canadienne en termes de performanc­e économique, c’est vers la Saskatchew­an qu’on devrait se tourner, pas vers l’ontario.

Le Québec se comporte comme un voisin gonflable.

Il ne tient pas compte de sa capacité de payer quand il dépense. Il regarde son voisin riche et tente de le copier.

« Il a un garage pour deux autos ? Je vais m’acheter une deuxième auto, et je vais me faire construire un garage pour deux autos ! »

Au lieu de comparer des pommes avec des pommes, on compare des pommes avec des oranges.

LES YEUX PLUS GRANDS QUE LA PANSE

On se comporte comme si l’argent nous sortait par les oreilles.

Non seulement va-t-on payer nos médecins au même niveau que ceux de l’ontario, mais on va les payer plus ! Tin toé ! Comme ça, ils ne quitteront pas le Québec !

C’est comme si on allait dans une enchère d’oeuvres d’art et qu’on se battait contre l’un des plus grands collection­neurs au pays.

On n’a pas les moyens de se payer un Muriel Millard, mais on va essayer d’acheter un Rembrandt. « Une fois, deux fois, trois fois, vendu ! Adjugé au p’tit gros, dans le fond, qui porte une camisole sale et des shorts troués. »

Mais comment vas-tu payer ça ?

Bof, on verra… On va se débrouille­r.

On va vendre les champignon­s qui poussent dans nos hôpitaux, tiens.

« Vous êtes plus riches que vous croyez », dit la Banque Scotia.

Au Québec, on voit ce slogan, et on pense que c’est vrai.

DES BEAUX COUTEAUX

Après ça, on se plaint d’être trop taxés et trop imposés.

Faut bien payer ce qu’on a acheté !

Le Québec me fait penser à un gars qui rentre complèteme­nt paf à trois heures du matin, qui allume la télé et qui se dit : « Ouan, ça a l’air cool cet ensemble de couteaux ! Je vais me les commander… »

Et quand il reçoit son compte Visa, trois semaines plus tard, il se dit : « Hein ??? Trois cents dollars pour des couteaux ?! Quessé ça ? » Bien oui, Chose. Calcule, la prochaine fois.

Nos dépenses doivent tenir compte de nos revenus…

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