Des ados en cure de sevrage de techno
Certains ne dorment plus depuis qu’ils en sont privés
SAINT-CÉLESTIN | Une quarantaine d’adolescents qui ont fait des crises quand leurs parents ont déconnecté le Wi-fi, qui ne dormaient plus, ne se lavaient plus ou n’allaient plus à l’école pour être plus souvent en ligne ont été traités en thérapie fermée au Québec depuis trois ans.
La majorité des adolescents cyberdépendants sont des accros de jeux en ligne. Toutefois, en cette journée mondiale sans Facebook, le coordonnateur des services professionnels au Centre le Grand Chemin de Saint-célestin en Mauricie, Miguel Therriault, estime qu’il ne faut pas sous-estimer la dépendance aux likes.
« On ne verra jamais personne dépendant de Word ni d’excel. Ce ne sont pas des programmes addictifs. Il n’y a pas la rétroaction des médias sociaux, pas de réponse qui permet de vivre un plaisir, une satisfaction, un sentiment de réussite. C’est cette réponse-là qui devient addictive », explique celui qui les traite dans son centre.
DE LONGUES CURES
La cyberdépendance est en hausse au Québec comme partout en Occident.
Les adolescents cyberdépendants en viennent à préférer leur vie en ligne à leur vie réelle. Seuls les cas sévères en arrivent à la thérapie avec hébergement, quand leurs avatars de World of Warcraft deviennent le centre de leur vie.
« La première chose, pour les adolescents qui arrivent ici, c’est de reprendre les besoins de base : bien dormir, bien manger. L’hygiène aussi est quelque chose qui saute assez vite avec la cyber- dépendance », dit-il.
Les adolescents restent en moyenne de six à sept semaines au centre, pendant lesquelles ils sont traités dans les mêmes groupes que ceux souffrant de dépendance à l’alcool ou aux drogues.
Leur niveau d’obsession apparaît dès qu’on leur enlève le cellulaire. « On a des jeunes qui vont vivre de l’angoisse, de l’anxiété. C’est important qu’ils soient bien entourés », explique M. Therriault.
Les centres le Grand Chemin ont reçu une centaine d’appels de parents inquiets depuis la parution en décembre du documentaire Bye, d’alexandre Taillefer.