Le Journal de Quebec

« Personne n’est équipé pour passer à travers ça »

La mère d’une ex-fugueuse témoigne de sa détresse

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AGENCE QMI | La nouvelle disparitio­n d’une adolescent­e de Laval replonge la mère d’une ex-fugueuse dans de douloureux souvenirs.

Marjolaine Aubé, qui a vécu l’angoisse avec sa propre fille en 2016, a eu l’impression de vivre « le jour de la marmotte » en apprenant que la jeune Kelly Martin Nolet, 16 ans, avait fugué pour une troisième fois en peu de temps du Centre jeunesse de Laval où elle habite.

« Je sais exactement ce qu’elle vit. [...] Je peux juste dire à Sandra (la mère de Kelly) qu’il faut garder espoir », a-t-elle déclaré en entrevue sur LCN, ajoutant comprendre à quel point ces moments sombres sont difficiles à traverser.

« Aucune mère n’est équipée pour passer à travers ça », décrit-elle sans détour.

« DÉPROGRAMM­ER » LES FILLES

Selon Mme Aubé, chaque jour de fugue est une véritable montagne pour les proches.

« On se demande si on va réussir à terminer notre journée. On est tellement dans l’angoisse, on a tellement peur... On ne sait pas ce qui va arriver à notre enfant et, s’ils la retrouvent, dans quel état elle sera. »

Cette mère de famille croit que les jeunes fugueuses méritent la même attention que celle accordée à ceux qui se radicalise­nt, par exemple.

« Elles sont sous leur emprise, on ne sait pas ce qu’elles se font raconter, mais ça finit toujours pareil : elles sont en froid avec leur famille et ils [les proxénètes] prennent le contrôle de nos filles de cette façon-là », résume-t-elle.

« Nos filles ont besoin d’être déprogramm­ées », a-t-elle lancé, interpella­nt directemen­t la ministre Lucie Charlebois, qui s’occupe des dossiers de protection de la jeunesse. Marjolaine Aubé dit avoir demandé à plusieurs reprises qu’il y ait des programmes spéciaux pour ces cas-là.

INITIATIVE­S

Elle déplore d’ailleurs que des initiative­s encouragea­ntes — Québec a envoyé un vérificate­ur pour enquêter au Centre jeunesse de Laval, frappé par une vague de fugues, et des fonds ont été débloqués pour lutter contre l’exploitati­on sexuelle — n’aient, finalement, débouché sur rien, selon elle.

« [La ministre] a donné de l’argent, on ne sait pas où c’est allé, mais les programmes pour ces cas-là n’ont pas été mis en place », a-t-elle indiqué.

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