Le tramway était mal-aimé aussi à Lévis
La Rive-sud a chassé les wagons deux ans avant Québec
Le tramway a circulé pendant près d’un demi-siècle à Lévis. La Ville s’en est cependant débarrassé deux ans avant Québec.
Intéressé par le récit de l’époque du tramway à Québec relaté lundi dans nos pages par Jean Breton, le passionné d’histoire Michel L’hébreux a rappelé à notre mémoire l’existence des « p’tits chars électriques » sur la Rive-sud. Comme à Québec, l’expérience n’a pas été des plus positives.
« Le soulagement des gens quand ils ont eu l’autobus pour remplacer le tramway ! Les autobus étaient beaucoup plus flexibles et tombaient en panne beaucoup moins souvent », raconte M. L’hébreux, qui s’est entre autres inspiré, pour ses recherches, du témoignage d’armand Demers.
À Lévis, le tramway a fait son apparition en 1902. Il circulait le long du fleuve, de la rivière Chaudière jusqu’aux limites est de la ville. L’âge d’or est survenu lors de la construction du pont de Québec et particulièrement lors de son inauguration qui a attiré des milliers de personnes. Il n’était pas rare de croiser des wagons bondés. « Les p’tits chars demeuraient le moyen de transport numéro un de la population. »
Mais les ennuis financiers n’ont pas tardé à apparaître. À peine quatre ans après leur entrée en fonction, la compagnie propriétaire a dû liquider ses actifs.
« Il y a eu toutes sortes de problèmes. Ç’a changé de compagnie à plusieurs reprises », explique M. L’hébreux.
DÉBOIRES FINANCIERS
D’un déboire financier à l’autre, la compagnie Sun Life, qui possédait les tramways jusqu’en 1938 et qui n’arrivait pas à trouver un acheteur pour son « éléphant blanc », a fini par céder l’entreprise à ses employés.
L’un des nouveaux fiduciaires profitait de sa position pour faire de bonnes affaires, raconte Michel L’hébreux.
« Hugh Weyman était propriétaire de la compagnie et aussi de la plage Garneau. Ceux qui prenaient le tramway pouvaient entrer gratuitement à la plage. Comme ça, il s’attirait de la clientèle. »
En 1946, les bus ont pris la place des tramways à Lévis. À Québec, ils survivront encore deux ans dans la circulation. L’éditorialiste de La Tribune de Lévis écrivait alors : « Pouvant contourner les obstacles de la route, [l’autobus] est moins exposé aux embouteillages. Il est plus rapide, et somme toute, le public a bien raison de préférer l’autobus au tramway. »