Le Journal de Quebec

Un record Guinness en dialyse pour un Lavallois

L’homme de 59 ans suit ses traitement­s depuis 48 ans trois fois par semaine

- HUGO DUCHAINE

Un Lavallois reçoit depuis 48 ans des traitement­s de dialyse trois fois par semaine, laissant ses médecins bouche bée par sa résilience. Son nom sera même bientôt inscrit dans le livre Guinness des records.

« Ce sont [les médecins] qui s’excitent avec ça [...] moi, ça fait partie de ma routine », dit humblement Jean-pierre Gravel, couché sur un lit de l’hôpital général de Montréal, alors qu’un rein artificiel nettoie son sang. Le Journal a rencontré l’homme de 59 ans, lundi, lors d’un de ses traitement­s.

M. Gravel est né avec une malformati­on aux reins. Celui à gauche n’a jamais fonctionné et celui à droite a cessé à 11 ans. Depuis, il reçoit chaque semaine trois traitement­s de dialyse, du jamais vu selon ses médecins.

« UN HÉROS »

« C’est un héros et un champion », n’hésite pas à le qualifier son néphrologu­e, le Dr Murray Vasilevsky. Non seulement pour sa longévité et sa persévéran­ce, mais aussi, parce qu’il n’a jamais laissé la maladie l’arrêter.

Au départ, il recevait le soir, à la maison, ses traitement­s, qui duraient six heures. Sa mère a suivi une formation pour faire fonctionne­r l’énorme rein artificiel de l’époque, qui accaparait toute une pièce de la résidence familiale.

« Des fois, je trouvais ça long », admet M. Gravel au sujet de ses traitement­s quand il était adolescent.

SPORTIF MALGRÉ TOUT

Malgré tout, il a poursuivi l’école, jusqu’à faire une technique en architectu­re au cégep. Il faisait du vélo, jouait même au hockey avec son frère dans la rue et a appris à conduire.

« J’ai souvent eu des bâtons dans les roues, les gens me disaient “tu ne seras pas capable” », reconnaît Jean-pierre Gravel, mais il a su les faire mentir.

Il a travaillé trois ans comme technicien dans un bureau d’architecte­s, puis 25 ans à la Commission scolaire de Laval.

Aujourd’hui, ses traitement­s, qui durent deux fois moins longtemps, ont lieu à l’hôpital, où tout le personnel le connaît. Les infirmière­s viennent le voir à tour de rôle pour le taquiner et il sert aussi de parrain pour les patients nerveux qui commencent la dialyse. Il les fait rire, explique-t-il.

Le cas de M. Gravel est notamment unique parce qu’il n’a jamais eu de greffe du rein. À cause de sa malformati­on, il aurait eu besoin de plus d’une opération et les chances de succès étaient moindres. Il a donc toujours refusé.

Sa santé n’est cependant plus ce qu’elle était, reconnaît-il. À la longue, les traitement­s ont usé son corps, il se déplace avec une marchette et il tient difficilem­ent un crayon par exemple. Mais il reste encore capable de jouer à des jeux vidéo, son passe-temps préféré.

Ce sont ses médecins qui ont transmis son dossier au livre Guinness des records, qui ont ensuite enquêté sur lui. Son record devrait être publié en juin.

Le Dr Vasilievsk­y souligne que bien des médecins à l’internatio­nal ont été surpris d’apprendre qu’un malade avait pu vivre aussi longtemps que M. Gravel avec des traitement­s de dialyse. Mais pour lui, ce qui est surtout exceptionn­el, c’est la volonté de vivre de son patient.

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Jean-pierre Gravel discute avec le Dr Murray Vasilevsky à l’hôpital général de Montréal pendant son traitement de dialyse. Son sang est nettoyé par appareil trois fois par semaine depuis 48 ans, du jamais vu. Il a commencé à l’âge de 11 ans.
PHOTO CHANTAL POIRIER Jean-pierre Gravel discute avec le Dr Murray Vasilevsky à l’hôpital général de Montréal pendant son traitement de dialyse. Son sang est nettoyé par appareil trois fois par semaine depuis 48 ans, du jamais vu. Il a commencé à l’âge de 11 ans.

Newspapers in French

Newspapers from Canada