L’ARGENT AVANT LE TALENT ?
La patronne de l’écurie Williams se porte encore à la défense de ses deux jeunes pilotes fortunés Louis Butcher
MONTMELO | Il ne se passe pas une journée sans que Claire Williams, devant les journalistes, doive parler de la situation de ses jeunes pilotes titulaires recrutés récemment au sein de l’écurie fondée par son père.
Hier n’a pas fait exception, au cours d’une mêlée de presse, où une trentaine de représentants des médias l’ont abordée à l’occasion de la seconde étape des essais hivernaux de F1 qui se déroulent au circuit de Barcelone-calalogne, en Espagne.
Après avoir retenu les services de Lance Stroll l’an passé, elle a choisi un autre jeune candidat fortuné, Sergey Sirotkin, pour remplacer le vétéran Felipe Massa.
Comme elle l’avait fait l’an dernier lors de l’embauche du Montréalais, la directrice adjointe de l’équipe britannique a tenu le même discours pour expliquer la venue, au sein de sa formation en 2018, du Russe de 22 ans, qui a été préféré à Robert Kubica.
À l’instar de Stroll, Sirotkin est arrivé en F1 sans grande expérience, mais en contrepartie, avec un compte en banque particulièrement bien garni. On chuchote que si le Polonais, limité à un rôle de pilote d’essai cette année, avait pu apporter autant d’argent, c’est lui qui aurait été choisi.
« L’argent n’est pas un facteur, a répété Claire Williams hier. Le choix de Lance et de Sergey a été basé sur leurs performances dans les séries de développement. Nous avons toujours eu cette réputation, dans le passé, de donner la chance à des espoirs d’entreprendre leurs premiers pas en F1.
« Bien des gens ont critiqué notre décision de faire confiance à de jeunes pilotes et, honnêtement, je suis lassée d’entendre des commentaires aussi négatifs à leur endroit. Ce sont de vieux discours qu’il faut jeter à la poubelle.
« Qu’y a-t-il de mauvais à vouloir donner la chance à des pilotes prometteurs ? » a-t-elle questionné.
VILLENEUVE, BUTTON ET LES AUTRES
On peut citer en effet les noms de Jacques Villeneuve, le dernier pilote à avoir d’ailleurs procuré un championnat à l’écurie britannique, Jenson Button, Nico Rosberg et notamment Valtteri Bottas, qui ont tous entrepris leur carrière en F1 grâce à Williams.
« La F1 est un sport dangereux, a-t-elle renchéri, et on ne peut prendre de risque en confiant nos volants à ceux qui n’ont pas le talent pour réussir. S’ils arrivent avec un soutien financier, tant mieux, mais ce n’est pas une priorité.
« Pensez-vous que Fernando Alonso a accédé à la F1 sans argent ? a-t-elle rétorqué. Et j’aurais d’autres exemples à vous donner… »
STROLL ET LA PRESSION
Williams a d’ailleurs réitéré sa confiance en Stroll, dont les attentes sont élevées en 2018.
« Lance a travaillé très fort au cours de l’hiver pour améliorer son pilotage et corriger ses lacunes, a-t-elle soutenu. Il a fait un boulot remarquable à sa première saison. Il doit subir une pression énorme sur ses épaules.
« Les gens ont tendance à oublier qu’il a inscrit seulement trois points de moins que Felipe [Massa], un vétéran de 16 saisons en F1. Nous nous attendons aussi à de bons résultats de la part de Sergey. Donnons la chance au coureur. »
LA PERTE DE MARTINI
La patronne a par ailleurs confirmé que le commanditaire principal de l’écurie, Martini, mettra fin à son partenariat avec l’écurie Williams à la fin de la saison 2018.
« Cette compagnie a choisi une autre avenue pour faire la promotion de ses produits, a-t-elle indiqué. Elle quitte non seulement notre organisation, mais aussi la F1. »
Certains diront que la présence de jeunes pilotes de 19 et 22 ans y est pour beaucoup dans la décision de la marque de vermouth italien de mettre fin à cette association qui aura duré cinq ans.
« Nous avons fait mention à Martini de la venue probable de Sergey et ils se sont montrés très ouverts à cette possibilité, de conclure Williams. Cette fin de contrat n’a donc rien à voir avec l’âge de nos deux porte-couleurs. »
La perte d’un bailleur de fonds aussi important, que Williams a sûrement vu venir, a sans doute pesé lourd dans la décision de recruter un autre de ces pilotes « payants ».
Cette écurie au passé glorieux n’est que l’ombre d’elle-même, et force est de constater qu’il lui sera très difficile à l’avenir de dénicher un commanditaire aussi prestigieux.