Le Journal de Quebec

C comme dans cible...

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Comme tout le reste chez le Canadien, le poste de capitaine n’est plus ce qu’il était. Dans les années glorieuses, il s’agissait de l’honneur ultime pour le joueur qui portait le C à son chandail. De nos jours, le tenant du titre est tenu comme le responsabl­e des déboires de l’équipe. Il est la cible principale.

Le phénomène est attribuabl­e à la présence des caméras de télévision et des micros de radio dans le vestiaire.

De Butch Bouchard à Yvan Cournoyer, soit une période de 30 ans au cours de laquelle les capitaines du Canadien ont soulevé la coupe Stanley à 16 reprises, ces deux médiums ne couvraient que très rarement une séance d’entraîneme­nt.

SUREXPOSÉS

Les entrevues télévisées avec les joueurs étaient généraleme­nt celles que l’on voyait à La Soirée du hockey.

Dans les années 1980, les stations radiophoni­ques CKAC et CJMS qui se livraient une lutte féroce sur la bande AM, ont commencé à déléguer un journalist­e à tous les entraîneme­nts et à tous les matchs.

La télévision a suivi avec Radio-canada, TVA, CBC et CTV, puis le Réseau des sports, TVA sports, TSN et Sportsnet sont arrivés.

Le capitaine du Canadien peut être vu à la télévision et entendu à la radio à tous les jours durant la saison de hockey. Il est considéré comme le porte-parole des joueurs.

Or, depuis une vingtaine d’années, l’exercice donne à la longue une image négative du capitaine auprès du public. Les gens finissent par se lasser de lui et à lui trouver des défauts.

C’est comme les animateurs et les animatrice­s de télévision.

À force d’être surexposés, ils perdent de leur popularité.

KOIVU ET GIONTA Y ONT PASSÉ

Rappelons-nous ce qu’on disait de Saku Koivu.

On l’accusait de ne pas être un bon rassembleu­r en plus de lui reprocher de ne pas parler français. Mais le Canadien était aussi mauvais qu’en ce moment à ses premières années comme capitaine.

L’équipe a raté les séries trois fois à ses quatre premières saisons à ce poste.

On l’a dit jaloux de Mike Ribeiro quand il a eu une altercatio­n avec celui-ci pendant une séance d’entraîneme­nt.

Le Canadien a été sans capitaine un an après le départ de Koivu pour Anaheim. Cette année-là, grâce aux prodiges de Jaroslav Halak, le Tricolore s’est rendu en finale de l’est.

Brian Gionta a hérité de la succession de Koivu l’année suivante et le Canadien a raté les séries à sa deuxième saison au poste de capitaine.

On disait de lui qu’il n’était pas fait pour ce rôle et on dit maintenant la même chose de Pacioretty.

PACIORETTY A BIEN FAIT

Comme Gionta et Koivu avant lui, Pacioretty est associé intimement aux problèmes du Canadien tant par les médias que par le public. Le capitaine est pris en grippe pour tout ce qui se passe dans cette équipe.

C’est ce qui a mené Pacioretty à se vider le coeur après l’heure de tombée de la période des transactio­ns au début de la semaine.

Il n’a fait que dire la vérité quand il a déclaré qu’il ne pouvait porter à lui seul tout le poids des problèmes de son équipe sur ses épaules.

On oublie que ces joueurs sont des humains, comme Pacioretty l’a rappelé.

TOUS DANS LE MÊME BATEAU

Déjà que Carey Price et Shea Weber ne sont pas les plus jasants avec les journalist­es, Pacioretty doit se sentir seul comme jamais il ne l’avait senti auparavant en ce moment avec le Canadien.

Il se présente au bâton à tous les jours et il fait admirablem­ent cette partie de son travail. Mais on devrait lui permettre de souffler de temps à autre.

À force de se retrouver continuell­ement sur la sellette, il se fait taper dessus à gauche et à droite.

Tous les joueurs devraient être présents dans le vestiaire à l’arrivée des journalist­es après un match. Ils sont 19 à avoir joué et chacun a sa part de responsabi­lités dans le résultat final.

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Comme Brian Gionta et Saku Koivu avant lui, Max Pacioretty est associé intimement aux problèmes du Canadien tant par les médias que par le public.

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