Le Journal de Quebec

Des doutes peuvent s’installer

- JEAN-FRANÇOIS RACINE

Des événements traumatisa­nts comme une fusillade ou un incident macabre risquent d’influencer le comporteme­nt futur de n’importe quel policier en devoir.

« Au moment de l’événement, je pensais mourir. Oui, j’ai peur maintenant quand je roule en auto. J’appréhende les collisions, même si je ne transporte pas personne à l’arrière. Je suis beaucoup plus méfiant », explique le policier Guillaume Bernier ( lire autre texte).

Ce dernier était toutefois motivé par le désir de reprendre exactement les mêmes fonctions, même si des emplois moins dangereux existent à la SQ. « Je me disais que ce ne serait pas lui qui déciderait comment j’allais finir ma carrière. »

Pourtant, M. Bernier avoue qu’une suite d’incidents difficiles peut ébranler la confiance d’un patrouille­ur. « On peut avoir une bonne capacité à ranger sa chemise dans le casier après l’ouvrage, mais parfois, le casier est plein. »

« J’AI VIRÉ DE BORD »

À l’époque, devenu grandpère depuis peu, l’ancien policier Jean-françois Brochu était intervenu avec son équipe, en 2012, dans le dossier de Nicolas Lacroix, reconnu coupable de l’homicide involontai­re du petit Nathan Lecours, 2 ans, à Lévis. Lacroix s’était pointé avec une arme à feu chez la mère du bambin parce qu’elle avait lancé un appel à l’aide pour se protéger d’un inconnu qui la harcelait. Le coup de feu accidentel avait tué l’enfant.

« Quand j’ai vu l’enfant, j’ai viré de bord. C’est là que j’ai commencé à penser à prendre ma retraite. Ça faisait une centaine que je voyais, mais désormais, j’avais un petit-fils du même âge. »

Selon l’ancien sergent Alain Gelly, le jugement parfois rapide de la population met énormément de pression sur les jeunes policiers d’aujourd’hui. « On a souvent peur instinctiv­ement de prendre une décision qui est fatale en raison du jugement rapide de la société. Les policiers peuvent se mettre en danger en hésitant quelques secondes de plus. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada