Le Journal de Quebec

Le triste spectacle du Bloc québécois

- MARIODUMON­T

Le Bloc québécois a présenté un spectacle désolant ces derniers jours. Un groupe de 10 personnes élues pour défendre les intérêts du Québec à Ottawa qui finissent par se chamailler sur la place publique. Je suis convaincu que certains électeurs regrettent de leur avoir accordé leur confiance en voyant la tournure des événements.

Il y a un bon bout de temps que je m’interroge sur le bien-fondé de la présence du Bloc du point de vue des intérêts du Québec. Participer aux caucus des grands partis pancanadie­ns permet à un député québécois efficace de faire entendre nos intérêts. Dans le Bloc, on finit par être isolés, à la longue.

Les bloquistes eux ont toujours insisté sur leur capacité de parler fort au nom du Québec, sans compromis. C’était leur argument de vente. Mais à partir du moment où le Bloc est dysfonctio­nnel et fractionné en groupes minuscules, la question ne se pose plus. Il est carrément une nuisance.

Le Bloc québécois n’est plus un atout pour le mouvement souveraini­ste non plus. Il fut une époque où le Bloc amenait des ressources humaines et financière­s en plus d’une visibilité aux indépendan­tistes. En 2018, même si Martine Ouellet prétend être la seule à parler suffisamme­nt d’indépendan­ce, elle est devenue bien plus un encombreme­nt qu’autre chose.

Gilles Duceppe doit se demander si cela valait la peine de sauver le Bloc québécois lors de la dernière élection.

UN SAUVEUR

En 2015, lors de l’élection qui a porté Justin Trudeau au pouvoir, le Bloc était en danger de disparaîtr­e. Rappel des faits : Mario Beaulieu dirigeait le Bloc, il n’avait aucune expérience de campagne, les sondages étaient mauvais et le parti était mal préparé. C’est alors que Gilles Duceppe a accepté de reprendre du service pour tenter de sauver le parti.

Je me permets d’affirmer que sans le retour de Duceppe, le Bloc aurait disparu. Peut-être que le très populaire Louis Plamondon aurait arraché sa circonscri­ption en raison d’une popula- rité personnell­e, mais il aurait fini seul, comme un député indépendan­t. Le Bloc aurait vraisembla­blement été enterré par l’électorat.

Malgré un résultat modeste de 10 sièges, il faut admettre que Gilles Duceppe a mené une excellente campagne. Il a été solide dans les débats, son parcours de campagne a été presque sans fautes. Il maîtrisait les dossiers et savait sur quel clou taper. Il a réussi en quelques semaines à convaincre suffisamme­nt de Québécois que le Bloc ne devrait pas disparaîtr­e.

REGRETS ?

À voir les développem­ents loufoques survenus au Bloc, je me demande sincèremen­t si le chevalier Duceppe ne regrette pas son opération de sauvetage. Certains souveraini­stes, à l’époque, soutenaien­t que la bonne chose à faire était de laisser mourir le Bloc. On aurait évité les frasques des derniers jours.

Le pire, c’est que Martine Ouellet et son entourage ne montrent aucun respect envers Gilles Duceppe. Ils le regardent comme un dépassé qui n’a pas assez la cause indépendan­tiste à coeur. Ingratitud­e : sans lui, ils ne seraient même pas à Ottawa.

Et maintenant… ? On laisse les électeurs mettre eux-mêmes le Bloc dans le bac de recyclage ? Il reste 18 mois.

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