Le Journal de Quebec

Philippe Couillard, sauveur de nos libertés ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com

Philippe Couillard se creusait la tête.

Comment mener la prochaine campagne électorale en apeurant les électeurs avec un référendum que les souveraini­stes promettent de ne pas tenir ? D’ailleurs, le PQ est en bien mauvaise position en ce moment, et il se battra moins, en 2018, pour le pouvoir que pour sa survie.

POPULISME

Le véritable ennemi du PLQ, en 2018, ce sera la CAQ. Comment la combattre ? Philippe Couillard ne se réinventer­a pas. Chez lui, l’antination­alisme est une obsession morbide. Il ne traite pas les nationalis­tes comme des adversaire­s, mais comme des ennemis.

Sa seule manière de lutter contre eux, c’est de les accuser de verser dans l’intoléranc­e. Il ne sait pas comment faire autrement.

Et c’est encore ce qu’il vient de faire en assimilant le parti de François Legault aux mouvements populistes européens. Dans son esprit, c’est une manière d’exclure la CAQ du périmètre démocratiq­ue.

Il faut prendre au sérieux ces insultes. Elles en disent beaucoup sur la vision du monde de notre premier ministre.

Si on le comprend bien, le monde est clivé entre le parti de l’ouverture et celui de la fermeture.

Dans le premier, on trouve les fédéralist­es, les multicultu­ralistes, les amoureux du Canada, les défenseurs des accommodem­ents raisonnabl­es et autres enfants chéris du trudeauism­e.

Dans le second, on trouve les souveraini­stes, les nationalis­tes, les critiques du multicultu­ralisme, ceux qui veulent réduire les seuils d’immigratio­n et plus largement, tous ceux qui s’inquiètent pour la survie du peuple québécois et pour l’avenir du français en Amérique.

On pourrait faire une longue liste des propos outrancier­s de Philippe Couillard qui diabolisen­t le nationalis­me.

On sait quel sera le thème de campagne du PLQ cet automne : il se présentera comme le défenseur irremplaça­ble de nos libertés contre la menace populiste caquiste.

Il prendra les habits du sauveur de la démocratie contre le nationalis­me jugé intolérant de François Legault.

Il faut pourtant une imaginatio­n plus que débordante pour assimiler la CAQ aux partis populistes européens.

Le nationalis­me caquiste est minimalist­e, et souvent insignifia­nt.

Et pourtant, on peut croire Philippe Couillard sincère. Sur le plan des idées, Philippe Couillard, d’une certaine manière, n’est qu’un Justin Trudeau plus diplômé. En fait, il fait penser à Trudeau père. Posons une question difficile : qu’est devenu le PLQ ? Le PLQ, de Jean Lesage à Robert Bourassa, était certaineme­nt un parti fédéralist­e. Mais c’était aussi un parti nationalis­te, qui cherchait à obtenir plus de pouvoirs pour le Québec dans la fédération.

Robert Bourassa n’était pas souveraini­ste, mais il reconnaiss­ait la légitimité de l’indépendan­ce.

Il refusait même la soumission servile du Québec à la Charte des droits d’ottawa quand venait le temps de défendre la langue française.

BOURASSA

Si par on ne sait quel miracle, Robert Bourassa revenait parmi nous aujourd’hui, Philippe Couillard l’accuserait d’être un nationalis­te intolérant, hostile aux libertés, et complaisan­t avec les méchants séparatist­es.

Le PLQ a été colonisé idéologiqu­ement par le PLC. Il ne porte plus une vision québécoise du Canada, mais une vision canadienne du Québec.

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