Le Journal de Quebec

Le « cheuf » made in USA

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Je ressens un malaise très personnel devant les Yes men. Donald Trump en est entouré et ceux qui ne veulent pas se soumettre finissent par lever le camp.

Hier soir, c’est Gary Cohn, son principal conseiller économique, qui a pris la porte, après avoir refusé de cautionner les politiques économique­s protection­nistes du président ( voir brève de droite).

Mike Pence, le vice-président, est le pire de tous. Il se vautre dans les « Grâce à l’exceptionn­el leadership du président Donald J. Trump… » pour la moindre raison, du processus de paix pourtant bloqué au Proche-orient à la crise de consommati­on des opiacés qui continuent de faire de milliers de morts tous les mois aux États-unis.

En s’engageant dans cette administra­tion, ces hommes (il y a si peu de femmes...) ont accepté l’émasculati­on : bye bye, les couilles ! Tout vient du Bureau ovale et tout y finit. Il y a les très grandes lignes : moins d’immigrants, clandestin­s ou non; toujours moins de réglementa­tion; ce qui a été en contact avec Barack Obama doit disparaîtr­e.

Autrement, c’est le « cheuf » qui tranche, d’où l’absence totale de volonté des membres de son gouverneme­nt d’exprimer des positions qui ne sont pas mot à mot celles de Trump. Dernier exemple flagrant : les droits de douane sur les importatio­ns d’acier et d’aluminium.

IL L’AVAIT DIT ET REDIT

Trump les a toujours voulus, ces tarifs. Même avant de devenir président, même avant de se lancer sérieuseme­nt en politique, il soutenait que les États-unis se faisaient avoir dans leurs ententes commercial­es et qu’une bonne volée de droits de douane sur les produits de pays prétendume­nt abuseurs allait leur donner une leçon et rééquilibr­er les échanges.

Cela dit, on pourrait aujourd’hui légitimeme­nt croire que les experts économique­s entourant le président, dossiers massifs sous le bras, seraient disponible­s pour démontrer le bien-fondé de sa position, l’à-propos d’une telle mesure qui, selon tant de détracteur­s, plongera le pays dans la guerre commercial­e.

C’est ce qu’un de ces « experts » est venu faire le week-end dernier. Le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, homme d’affaires milliardai­re à l’âge respectabl­e de 80 ans, était interrogé à Meet The Press, l’émission phare de NBC, sur ces nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium. Il vaut mieux, plus que n’importe quelle descriptio­n, reprendre l’échange qu’il a eu avec l’animateur, Chuck Todd :

Todd : « Alors, c’est immanquabl­e, ça va se faire cette semaine, 25 %, 10 % ? »

Ross : « Ce que sera sa décision finale, c’est ce qui va arriver. »

Todd : « C’est-à-dire que ce n’est pas définitif ? »

Ross : « Ce n’est pas ce que je dis. Je dis seulement que le président a dit ce qu’il a dit. S’il dit quelque chose de différent, ce sera différent. »

Todd : « Qu’est-ce que ça veut dire ? Il peut dire ceci et il peut dire cela. »

Ross : « Non, je n’ai pas dit ça. J’ai dit que c’est lui qui prend la décision. Il a décidé à ce stade, 25 et 10. S’il devait, pour une quelconque raison, changer d’avis, alors ça changera. »

Ce qui m’amène à la vérité suprême de cette administra­tion : elle ne carbure pas aux études fouillées; elle ne se base pas sur l’opinion de diplomates aguerris pour déterminer la politique que Washington adoptera à l’égard de tel ou tel État. Non ! Elle s’appuie sur ce qu’en pense Donald Trump.

Et ses idées sur l’immigratio­n, le commerce, les femmes, il les galvaude depuis un bon quart de siècle. What you see is what you get. Arrêtez d’attendre que ça change !

 ??  ?? Gary Cohn, conseiller économique du président Donald Trump, a démissionn­é hier, fortement en désaccord avec les taxes annoncées sur l’acier et l’aluminium.
Gary Cohn, conseiller économique du président Donald Trump, a démissionn­é hier, fortement en désaccord avec les taxes annoncées sur l’acier et l’aluminium.
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