Le Journal de Quebec

Pourquoi Bombardier a-t-elle besoin d’autant d’argent ?

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Depuis la nomination en février 2015 d’alain Bellemare à la tête de Bombardier, l’entreprise a eu voracement besoin d’argent pour poursuivre ses activités.

En trois ans, Bombardier a levé quelque 5,1 milliards de dollars en nouveaux capitaux. Voici les divers placements effectués sous la direction de M. Bellemare :

√ 27 février 2015 : émission de 488 millions d’actions pour 1,1 milliard $

√ 19 novembre 2015 : la Caisse de dépôt et placement injecte 2 milliards $ pour acquérir 30 % de Bombardier Transport

√ 23 juin 2016 : Québec investit 1,3 milliard $ pour obtenir 49,5 % de la C Series

√ 5 mars 2018 : émission de 193 millions d’actions pour 734 millions $

À ces 5,1 milliards $ s’ajouteront les 675 millions $ que rapportera la levée des 305 millions d’options que Bombardier a émises au gouverneme­nt du Québec (100 millions), à la Caisse (105 millions) et à Airbus (100 millions) à la suite des ententes conclues avec eux.

Ces émissions d’actions et d’options effectuées depuis février 2015 génèrent une forte dilution, alors que le nombre d’actions de Bombardier en circulatio­n augmentera, à terme, d’environ 1 milliard, en hausse de 56 %.

OÙ VA L’ARGENT ?

Que fera Bombardier avec les 700 millions $ de la nouvelle émission d’actions en cours ? La société s’en servira « pour enrichir son fonds de roulement et pour les besoins généraux », dit-elle.

Cela dit, il faut savoir qu’en vertu de son entente avec la Caisse, Bombardier est tenue de conserver un niveau minimum de liquidités de 1,25 milliard $.

Et autre raison pouvant expliquer pourquoi Bombardier hausse son fonds de roulement. En vertu de son entente avec Airbus, Bombardier doit maintenir le plan de financemen­t actuel de la société en commandite de la C Series, tout en assurant les besoins en trésorerie jusqu’à concurrenc­e de 700 millions $ US lors des trois premières années.

Eh oui, même si Bombardier a gracieusem­ent cédé le contrôle (soit 50,01 %) de la C Series à Airbus, la direction de Bombardier s’est engagée à en assurer le financemen­t.

PAR CONSÉQUENT…

Plus Bombardier va injecter de l’argent dans la C Series, plus la part du gouverneme­nt va fondre.

De 49,5 % qu’elle était lors de l’annonce initiale en octobre 2015, la part du Québec dans la C Series a fondu jusqu’à présent à 18,5 %. Et ça va se poursuivre… Et la Caisse, elle, a vu sa part de 30 % dans Bombardier Transport baisser à 27,5 %.

L’ERREUR

En investissa­nt directemen­t « nos » 3,3 milliards $ dans la C Series et Bombardier Transport, au lieu d’acquérir des actions de Bombardier, le gouverneme­nt Couillard et la Caisse ont raté l’occasion d’augmenter sensibleme­nt la valeur de « notre » investisse­ment initial.

Sachez que l’action de Bombardier a presque triplé depuis l’annonce de l’investisse­ment de Québec dans la C Series (29 octobre 2015) et celui de la Caisse dans Bombardier Transport (19 novembre 2015).

Cela a permis à la famille des Beaudoin et Bombardier d’engranger une plus-value de 625 millions $.

Le titre de Bombardier a reculé hier de 23 cents (5,75 %), pour fermer à 3,77 $. Une seule explicatio­n : le cours de fermeture s’est rapproché du prix de la nouvelle émission d’actions, soit 3,80 $.

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