Le Journal de Quebec

Comment me faire aimer ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Vous êtes toujours pleine de bons conseils pour les personnes qui, comme moi, ne voient plus de solutions à leur problème et qui commencent à désespérer de la vie. Ce qui est mon cas en ce moment et m’amène à vous écrire.

Je suis encore bel homme, en santé, propre de ma personne et encore assez grand et fort malgré que je sois rendu à 70 ans, pour en impression­ner plusieurs. En plus grâce à mon père, j’ai hérité d’un bon fonds de pension qui m’assure un revenu annuel garanti au-dessus de la moyenne. En deux mots, je vis confortabl­ement, mais modestemen­t, et surtout très, très seul. D’ailleurs, je n’en peux plus de vivre seul. Mais tous mes efforts pour me faire reconnaîtr­e et aimer ne servent à rien. En fait, les gens ne me voient même pas, sauf peut-être comme si j’étais une menace potentiell­e.

La plupart du temps, le regard des gens me passe à travers sans me voir. C’est comme si j’étais un homme invisible et j’en souffre tellement. Pour résister malgré tout, j’ai mis au point une stratégie qui va sans doute vous paraître ridicule, mais qui a été jusqu’à récemment efficace. Chaque jour, je fais ma tournée d’un choix de grands magasins, Canadian Tire, Walmart, Rona, etc., et je m’organise pour poser le maximum de questions aux vendeurs et vendeuses avant d’acheter quelque chose. Ça me fait des semblants de conversati­on.

Mais le revers, c’est qu’on m’a vite fait une réputation d’emmerdeur, et qu’il m’est même arrivé de me faire mettre à la porte par un gérant de Bureau en gros que je ne nommerai pas. L’autre problème, c’est que ma stratégie me coûte une fortune, et que, certaines fins de mois, je n’ai plus assez d’argent pour m’acheter à manger.

J’ai tellement d’objets inutiles, parfois même pas déballés, à la maison, que j’arrive à peine à marcher dans le salon sans m’enfarger dans quelque chose. Mais je me moquerais bien de tout ça si je réussissai­s un jour à convaincre une vendeuse de commencer une relation avec moi. Je ne suis pas beau, je le sais, et je suis ostineux des fois, mais je suis un brave homme. Que me conseillez-vous ?

Anonyme

Il se peut que vous souffriez d’oniomanie, ce trouble lié à l’achat compulsif, ou, plus simplement, la manie compulsive des achats, généraleme­nt peu ou pas nécessaire à votre vie. Un trouble qui touche plus souvent les femmes, mais qui touche aussi certains hommes. Mais il se peut aussi que derrière vos achats se cachent des émotions causées par votre anxiété de solitude. Votre manie vous sert à entrer en contact avec les gens pour briser cette solitude. Si au lieu de magasiner pour vous occuper, vous trouviez un organisme d’entraide de votre quartier auquel vous pourriez consacrer plusieurs heures par semaine. Non seulement ça vous occuperait le corps et l’esprit, mais ça vous ferait rencontrer des gens susceptibl­es de se lier d’amitié avec vous, et, qui sait, peut-être aussi une éventuelle compagne ?

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