Le Journal de Quebec

Nos fugueuses

- CLAUDE VILLENEUVE Directeur Opinions claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude

Tous les parents le savent. Le bonheur d’accueillir un enfant vient avec une inquiétude qui ne disparaîtr­a jamais.

On a peur qu’il tombe, qu’on nous le vole ou qu’un chien le morde. À l’adolescenc­e, il commence à prendre sa propre trajectoir­e, alors même qu’on a plus de difficulté à le rejoindre.

L’ENFANT S’EFFACE

Chaque jour, la mosaïque du Journal nous montre un visage duquel l’enfant s’efface sans que l’adulte y soit encore. Des photos prises dans un moment plus tendre, nous annonçant que des parents cherchent leur jeune ou qu’ils l’ont retrouvé.

Ou encore qu’ils ne le retrouvero­nt pas, comme Athéna Gervais.

Dans une entrevue récente, Barack Obama confiait qu’avoir un enfant, c’est comme avoir le coeur en dehors de son corps. On le voit traverser la rue ou monter dans un avion en ayant juste envie de le remettre dans sa poitrine.

Or, encadrer un ado, c’est comme retenir une poignée de sable en serrant les doigts. On sait qu’ils ont besoin d’air, de vivre leurs expérience­s. On sait qu’ils doivent connaître les mêmes déconvenue­s que celles qui nous ont fait, mais on voudrait les protéger de celles qu’on aimerait oublier pour soi-même ou qui pourraient compromett­re son avenir.

Tout en composant avec un autre sentiment indissocia­ble de la condition de parent, celui de se savoir imparfait.

ÇA PREND UN VILLAGE

À la fin, que faire ? Que faire pour protéger nos filles des monstres que côtoient Fanny et Ariane dans la série Fugueuse ? Que faire pour qu’aucun parent qui a rêvé et espéré pour son enfant n’ait à le porter en terre après un accident funeste ?

Il y a le gouverneme­nt, qui aura toujours raison d’investir plus d’argent pour la prévention. Mais plus encore, il y a nous tous.

Un adage qu’on applique très peu dit que ça prend un village pour élever un enfant. On arrête littéralem­ent de le faire lorsque celui-ci atteint ce qu’on considère comme l’âge de raison.

Prenons soin de nos ados. Regardons-les, écoutons-les et prenons conscience que pour chacune de nos fugueuses mal prises, il y a des parents inquiets. Nous devons tous nous montrer plus attentifs.

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