LETTRE OUVERTE À DENISE BOMBARDIER
Madame Bombardier, J’ai toujours respecté votre opinion même si je ne la partageais pas nécessairement. Être chroniqueur peut impliquer des « débordements ». Vos deux chroniques publiées les 10 et 12 mars le montrent bien. D’ailleurs, si des médecins ont réagi avec « violence », c’est peut-être parce que vos propos à notre égard dépassaient les bornes.
Vous vous interrogez sur l’éthique des médecins ? D’autres se sont parfois interrogés sur la vôtre, dont le Conseil de presse.
Les médecins « sont désormais des techniciens hautement spécialisés. Qui ne se fient qu’aux machines pour poser un diagnostic ». Non, Madame, la médecine n’est pas qu’une histoire de machines. Pour vous le prouver, je vous invite à venir vivre avec moi une garde de 12 heures, la nuit, en salle d’accouchement.
DÉBAT PUBLIC
« Les médecins du Québec [veulent être] plus que riches. » Encore faux. À ce chapitre, il y en aurait long à dire... la différence entre la rémunération des médecins et la vôtre, c’est que la nôtre est soumise au débat public.
Sans me connaître, vous vous permettez de me juger. Sachez que, depuis 25 ans, je suis médecin spécialiste et, rassurez-vous, je reste fidèle au serment d’hippocrate. Depuis 4 ans, je suis aussi chef syndicale et, visiblement, vous n’avez aucune idée des positions que je défends. Laissez-moi vous mettre sur la piste : je défends l’amélioration de l’accès aux services spécialisés pour les patients et je milite pour l’augmentation de la prestation (productivité) de services par mes membres. Et parce que, pendant 30 ans, ils ont été sous-payés, oui, je défends le droit des médecins spécialistes du Québec d’être rémunérés selon le marché canadien.
L’affrontement avec la population dont vous parlez se joue dans les médias ; notre dignité demeure auprès des principaux intéressés : nos patients.
« […] la Dre Francoeur est-elle représentative des femmes médecins qui sont en train de devenir majoritaires dans leur profession ? » Mes convictions sont profondes, mais je laisserai mes consoeurs et mes collègues répondre à cette question.