Des scientifiques s’interrogent sur les liens entre pesticides et autisme
Des scientifiques et des parents se demandent si l’augmentation du nombre d’enfants autistes au Québec depuis 15 ans serait reliée à l’exposition de plus en plus grande aux pesticides.
« Les pesticides, c’est comme l’étoile de la mort dans La guerre des étoiles », souffle Marie Letendre, médecin de famille.
David, le fils de la Dre Letendre, a 14 ans, mais il n’est jamais rentré à pied seul de l’école. Il n’a jamais fait de feu de camp ni de vélo. Tout cela lui fait peur. David est autiste.
Comme lui, 16 940 enfants de 1 à 17 ans avaient un trouble du spectre de l’autisme (TSA) au Québec en 2014-2015, soit trois fois plus qu’il y a 15 ans, d’après les données de l’institut national de santé publique (INSPQ).
1500 CAS
Pour cette médecin, après plus de 10 ans de lectures et de conférences, la réponse est claire : David a un bagage génétique qui le rend plus sensible aux effets néfastes des pesticides omniprésents dans la région où il habite. La Montérégie est en effet couverte à 86 % de terres agricoles.
Cette région est celle où l’on retrouve le plus grand nombre d’enfants atteints d’un TSA au Québec, selon L’INSPQ.
On y recense 1500 cas, soit près de 9 % de tous les enfants autistes de la province. À elle seule, la Dre Letendre suit cinq cas dans son cabinet de Châteauguay.
Le phénomène inquiète tellement qu’un congrès de médecine, qui se tenait à Montréal à la fin du mois d’octobre, a consacré une conférence aux effets néfastes des pesticides sur la santé.
Pour la conférencière Louise HénaultÉthier, directrice de projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, le lien entre autisme et pesticides n’a rien d’hypothétique. Elle s’inquiète particulièrement des effets des pyréthrinoïdes et des organophosphorés.
Utilisés dans les cultures de fruits et de légumes, ces produits sont aussi employés comme répulsifs contre les puces sur les animaux de compagnie. Ils sont si courants qu’on les retrouve dans les plans d’eau.