La Russie « probablement » derrière l’empoisonnement de l’ex-espion
La première ministre britannique exige des explications d’ici ce soir
LONDRES | (AFP) La première ministre britannique Theresa May a estimé hier « très probable » que la Russie soit « responsable » de l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et l’a sommée de s’expliquer d’ici ce soir, des accusations qualifiées de « provocation » par Moscou.
« Il est très probable que la Russie soit responsable » de l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Youlia, a déclaré la dirigeante lors d’une intervention devant le parlement britannique, signant une escalade de la tension entre les deux pays.
Moscou a aussitôt réagi en dénonçant une « provocation ». « C’est un numéro de cirque à destination du parlement britannique », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, citée par les agences de presse. Sur Facebook, le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que les accusations visaient à « discréditer la Russie », à l’approche de la Coupe du monde de soccer, dont elle avait remporté l’organisation, notamment aux dépens du Royaume-uni.
PREMIÈRE FOIS
C’est la première fois que la dirigeante britannique met en cause dans ces termes la Russie, qui avait toutefois été pointée du doigt par le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson dès la semaine dernière. Soulignant que l’agent innervant utilisé contre le couple était une substance « de qualité militaire », du groupe des agents « Novichok » mis au point par la Russie, Mme May a donné jusqu’à ce soir à Moscou pour fournir des explications à l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
« En l’absence de réponse crédible, nous en conclurons que cette action constitue un usage illégal de la force par l’état russe contre le Royaume-uni. Et je reviendrai alors devant la chambre [des Communes] et présenterai l’éventail des mesures que nous prendrons en représailles », a-t-elle
averti.
« JEU TRÈS DANGEREUX »
Interrogé avant l’allocution de Mme May par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie, le président Vladimir Poutine a répondu, selon les agences de presse russes : « Tirez les choses au clair de votre côté et après nous en parlerons avec vous ».
L’ambassade de Russie à Londres a accusé de son côté le gouvernement britannique de jouer un « jeu très dangereux ».
Le 4 mars, Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, ont été découverts empoisonnés sur un banc de la petite ville de Salisbury, en Angleterre. Ils sont dans un état « critique, mais stable ».