Le Journal de Quebec

Une oeuvre troublante

Incendies de Wajdi Mouawad est criante d’actualité

- YVES LECLERC

Huit ans après l’adaptation cinématogr­aphique de Denis Villeneuve et sa dernière présentati­on théâtrale à Québec, Incendies demeure une oeuvre immense et troublante sur les horreurs générées par la guerre.

Un texte qui continue d’être essentiel au moment où des conflits continuent, un peu partout sur la planète, à décimer des hommes, femmes, familles et enfants.

À l’affiche au Trident jusqu’au 31 mars, Incendies frappe encore avec toute sa puissance.

L’oeuvre de Wajdi Mouawad raconte l’histoire de deux jeunes adultes, forcés, à la suite du décès de Nawal, leur mère, de partir à la recherche d’un père qu’ils croyaient mort et d’un frère dont ils ignoraient l’existence. Une quête exigée par ses dernières volontés.

Ils auront pour mission de les retrouver, de leur remettre des lettres personnell­es à chacun et ils pourront ensuite en lire une troisième qui leur est destinée.

Simon ne veut rien savoir de cette quête. Le jeune homme a énormément de rage envers une mère qui est demeurée dans le silence durant cinq longues années et jusqu’à sa mort. Une mère, comme il le précise, qui a une brique à la place du coeur.

Sa soeur, Jeanne, plus cartésienn­e, démontre plus d’intérêt et se lance dans une quête au destin explosif, troublant et brutal.

Une quête où l’on voyage dans le passé de Nawal et où on l’on suit, au temps présent et en parallèle, l’enquête de Jeanne et Simon, personnifi­és par Sarah Villeneuve-desjardins et Charles-étienne Beaulne.

Une Nawal que l’on découvre adolescent­e, à 40 ans et à 60 ans, et interprété­e avec justesse par Nathalie Séguin, Véronika Makdissi-warren et Lise Castonguay.

LE FILM ET LA PIÈCE

Une Nawal forcée d’abandonner son enfant qui vient de naître, afin de ne pas déshonorer sa famille. Une Nawal qui a respecté une promesse et qui a appris à lire, écrire, compter et penser. Une Nawal, ensuite, militante qui dénonce les horreurs de la guerre. Une Nawal qui, comme un acte de vengeance, sera emprisonné­e et qui n’a jamais abandonné l’idée de retrouver ce fils disparu.

Mis en scène par Marie-josée Bastien, les comédiens évoluent dans un espace de jeu à travers des amas de chaises empilées. On retrouve quelques effets scéniques intéressan­ts, mais l’accent est mis sur le jeu et sur les mots.

Il est absolument impossible, si on a déjà vu le long-métrage de Denis Villeneuve, de ne pas faire de liens entre le film et la pièce.

La scène de l’autobus où Nawal survit à un attentat sauvage, jumelée à une rencontre entre Jeanne, Simon et l’amusant notaire Hermile Lebel, interprété par Réjean Vallée, est brillante avec le bruit des marteaux piqueurs du présent qui se transforme­nt en rafales de mitraillet­te.

Incendies pose un regard sur les horreurs insensées associées à la guerre et sur l’éducation qui peut empêcher certains conflits de naître et de dégénérer.

 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Simon et Jeanne, interprété­s par Sarah Villeneuve-desjardins et Charles-étienne Beaulne, se font imposer une quête troublante sur un père qu’ils croyaient mort et un frère dont ils viennent de découvrir l’existence.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Simon et Jeanne, interprété­s par Sarah Villeneuve-desjardins et Charles-étienne Beaulne, se font imposer une quête troublante sur un père qu’ils croyaient mort et un frère dont ils viennent de découvrir l’existence.

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