Le Journal de Quebec

Humoristes et dépensiers

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Dans leur budget 2017, les libéraux de Justin Trudeau avaient lancé un exercice de révision des dépenses dans certains organismes et ministères. Le but annoncé consistait à générer des économies en révisant ou en abolissant des programmes mal ciblés ou inefficace­s. Excellente initiative !

Avec le gouverneme­nt Trudeau, une revue des dépenses des ministères ne permet pas d’identifier un sou d’économies. Du jamais vu.

Je me permettrai de dire que ce genre d’exercice exigeant devrait être fait de façon bien plus fréquente dans les administra­tions publiques. À l’intérieur d’un mandat de quatre ans, tous les organismes et ministères devraient y passer. Repenser piastre par piastre la nécessité de la dépense. Se demander si l’on prendrait la décision de créer ce programme aujourd’hui s’il n’était pas déjà en place depuis des lustres.

Pourquoi remettre en question sans cesse les dépenses ? Parce que les administra­tions publiques ont une tendance naturelle à prendre de l’expansion, à créer de nouvelles branches et à engendrer des dépenses.

Aussi parce que les vieux organismes et les vieux programmes ne fonctionne­nt pas avec du vieil argent collecté au siècle dernier. Il faut aller siphonner de nouveaux dollars dans la poche des contribuab­les chaque année pour les financer. Alors tout ce qui n’est pas absolument nécessaire devrait devenir de l’argent laissé dans le portefeuil­le des familles.

L’exercice qu’avait donc promis le gouverneme­nt Trudeau aurait dû se solder par des économies dans le budget 2018. Après une année de travaux à réviser les dépenses, cela aurait été logique. Or rien n’y apparaissa­it.

QUE SE PASSE-T-IL ?

Ayant constaté l’absence de suivi de la révision des programmes annoncée, le Globe and Mail s’est informé auprès du bureau du président du Conseil du Trésor de l’avancement de ces travaux. Après quelques jours de recherche, la réponse est venue, suave.

Croyez-le ou non, aucune économie spécifique n’a été identifiée. Aucun programme de dépenses, aucune structure de bureaucrat­ie, aucune règle budgétaire, rien n’a été vu comme problémati­que. Le gouverneme­nt soutient sans rire qu’il n’y a aucun endroit où épargner quelques millions aux gentils contribuab­les.

Du jamais vu ! Prenons l’exemple de l’un des organismes où une revue générale devait avoir lieu : l’agence des services frontalier­s. Près de 2 milliards $ de budget et 13 500 employés, c’est pas mal gros. Mais tout est nickel. Ni inefficaci­té, ni gaspillage, ni vieilles façons coûteuses de faire les choses. Non, la perfection. Cela est absolument impossible.

Vous voulez savoir la meilleure ? Toujours selon le Globe and Mail, non seulement la réponse fournie ne contient aucune mesure d’économie, mais le rapport mentionne que la révision de programme a permis d’envisager la bonne manière de faire… de nouvelles dépenses !

LAXISME

La chose à comprendre, c’est que l’opération de révision des programmes annoncée dans le budget n’a jamais été réellement prise au sérieux. Pas étonnant, un tel exercice est exigeant et crée de l’insatisfac­tion chez ceux qui subissent les coupures. Pour que ce soit fait sérieuseme­nt, il faut que la commande vienne de haut.

Je ne crois pas que Bill Morneau et Scott Brison craignent de voir Justin Trudeau se choquer noir pour des dépenses. Et ce gouverneme­nt empile les déficits.

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Bill Morneau

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