Le Journal de Quebec

L’avocat Rénald Beaudry s’ouvre sur sa dépression

« Je ne pensais qu’à une chose : mourir », a-t-il confié

- ANDRÉE MARTIN

Rénald Beaudry, un des avocats les plus réputés de Québec, se croyait imperturba­ble et n’aurait jamais pensé être touché un jour par la dépression, et encore moins par l’envie de mourir.

Malgré des signes précurseur­s et des avertissem­ents de ses proches, il n’a jamais vu venir sa descente aux enfers, qui a culminé en juillet 2016.

« Pendant cette période-là, je ne pouvais plus signer mon nom tellement je tremblais. Je ne pouvais plus lire. Je pouvais pleurer trois ou quatre heures par jour. Je me couchais et je ne pensais qu’à une chose : mourir », a-t-il confié à TVA Nouvelles.

« IL FAUT QUE ÇA ARRÊTE »

Rénald Beaudry s’est réfugié dans le travail. Il ne dormait presque plus.

Un jour, alors qu’il se trouvait dans son bureau, derrière la maison, il a craqué. En tentant de rédiger une simple procédure, une tâche banale pour un avocat, il s’est mis à pleurer.

« Je me suis dit “non, c’est fini, je ne suis plus capable, il faut que ça arrête” », a confié M. Beaudry. Il est sorti du bureau et s’est dirigé vers la maison, où il avait l’intention de mettre fin à ses jours. Il avait fait ses recherches et savait exactement comment il allait procéder. C’est alors qu’il a vu sa voiture. Quelques secondes plus tard, il était en direction du Centre hospitalie­r de l’université Laval. « Je me suis dit “je vais aller voir là-bas s’ils peuvent m’aider” », a-t-il dit.

UN MOIS

M. Beaudry a raconté le fil des événements lorsqu’il est arrivé à l’urgence, en crise. « Il y avait une dame qui était avec son bébé dans les bras au triage. Quand l’infirmière lui a dit “madame, approchez-vous”, elle a dit “non, monsieur en a plus besoin que moi”. Elle m’a demandé ce que je voulais. J’ai dit “je veux mourir”. Tout de suite, ils ont ouvert la porte, ils m’ont fait entrer et je suis resté un mois », a-t-il fait savoir.

« Du moment que je suis arrivé ici, ils m’ont immédiatem­ent amené à l’urgence. Il n’y a pas de carte d’hôpital, à ce moment-là. Tu entends les portes se fermer et se barrer derrière toi. C’est tout de suite “donnez-moi votre cravate, votre ceinture, votre téléphone”. Et ils te prennent en charge. »

Progressiv­ement, son médecin lui a permis de faire des sorties. Une fois de retour chez lui, Rénald Beaudry a entrepris une longue thérapie, appuyé par plusieurs spécialist­es. Aujourd’hui, il va bien, il connaît et respecte ses limites. « Ce n’est pas une honte de consulter », a-t-il admis.

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