Une contre-expertise ignorée par la CMQ sur la santé du lac Saint-charles
Régis Labeaume s’est appuyé sur des données scientifiques peu probantes sur la santé du lac Saint-charles pour justifier son action draconienne dans la couronne nord, et a fait fi d’une expertise interne nettement moins alarmiste.
Le Journal a obtenu le rapport du professeur Richard Carignan, déposé en preuve dans le cadre du procès qui opposait les municipalités de Lac-beauport et Stoneham à la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ), présidée par le maire de Québec, Régis Labeaume. Ce rapport n’a jamais été rendu public.
C’est la CMQ elle-même qui avait fait appel à cet immunologue réputé en 2014, afin de valider les conclusions de la « Diagnose du lac Saint-charles » produite par L’APEL (Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-charles et des Marais du Nord).
SUFFISAMMENT SCIENTIFIQUE ?
Toute l’action de la CMQ, visant à restreindre la construction pour protéger les prises d’eau potable, découlait essentiellement de cette étude, rappelle le juge Michel Beaupré dans sa décision qui est tombée lundi.
Les constats de L’APEL sur le prétendu « vieillissement accéléré » du lac SaintCharles avaient été contredits par M. Carignan, qui critiquait sévèrement le travail effectué, les méthodes analytiques de l’organisme et les méthodes d’échantillonnage. Il avait reconnu cependant que certains herbiers se développent « à un taux alarmant ».
« Est-ce que les éléments d’analyse contenus dans la diagnose du lac SaintCharles 2012 sont suffisants afin d’appuyer scientifiquement les recommandations correctives à l’égard des activités polluantes ? », demandait la Ville. « Non », avait répondu sans détour le spécialiste, qui invitait plutôt la CMQ à s’attaquer en priorité aux « apports excessifs de phosphore provenant des usines d’épuration de Stoneham et de Lac-delage ».
UN JUGEMENT « DÉVASTATEUR »
Pierre Bertrand, un expert appelé à la rescousse par Lac-beauport et Stoneham, se félicite que son témoignage ait été retenu en Cour supérieure. Le jugement qui invalide le règlement de contrôle intérimaire est « dévastateur » selon lui pour la crédibilité de la CMQ et son coordonnateur du plan de protection des sources d’eau, François Morneau. Régis Labeaume se targuait pourtant de compter sur les « meilleurs scientifiques » de la province en 2016, rappelle-t-il.
« Ce ne sont pas des gens de mauvaise foi, mais ils ont fait un travail d’étudiant d’été », largue-t-il en entrevue.
« Le seul élément qui est bien documenté pour le lac Saint-charles, que je ne conteste pas, c’est le sel et les fondants qui viennent de l’autoroute. Les données sont là pour démontrer qu’il y a un problème. Pour le reste, il n’y a pas de problème », assure M. Bertrand. « On n’a jamais trouvé aucune étude qui nous permettait de penser que les prises d’eau potable étaient à risque », insiste-t-il.