Il attend un médecin de famille depuis 2015
On refuse de le prendre en charge et le commissaire aux plaintes dit être incapable de sévir
Un homme de Québec âgé de 67 ans, Benoît Fradet, patiente depuis trois ans pour obtenir un médecin de famille afin d’assurer le suivi de ses ennuis de santé.
« J’ai besoin de prescriptions et, chaque fois, c’est une bataille pour voir un médecin au sans-rendezvous, explique-t-il. Une fois sur place, je dois attendre quatre heures. »
Le résident de Beauport s’est inscrit le 18 février 2015 au Guichet d’accès pour la clientèle orpheline. Son nom a ensuite été transféré au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) au moment de sa création en 2016.
L’homme de 67 ans doit consulter un médecin quelques fois par année pour surveiller son taux de cholestérol et ses problèmes de tension artérielle.
D’ailleurs, M. Fradet est considéré comme un patient « vulnérable », classé catégorie C dans le GAMF.
Il déplore l’absence de suivi de la part d’un professionnel.
« L’autre jour, c’est une réceptionniste qui m’a donné mes résultats », illustre-t-il.
UN MÉDECIN REFUSE DE LE VOIR
Excédé par le délai, Benoît Fradet s’est adressé au Commissariat aux plaintes et à la qualité des services du CIUSSS de la Capitale-nationale en février dernier.
Dans une réponse datée du 9 mars 2018, le commissaire adjoint reconnaît la situation de M. Fradet, mais se dit impuissant en raison de l’autonomie des médecins.
« En réalité, c’est sur une base volontaire que les médecins des cliniques médicales, qui sont des travailleurs autonomes, s’adressent au GAMF pour obtenir de nouveaux patients », écrit Jacques Beaulieu.
Dans son enquête, le commissaire adjoint a d’ailleurs découvert qu’un médecin avait bien reçu le dossier de Benoît Fradet, le 29 novembre 2017.
« Le médecin l’a refusé et il en a aussitôt avisé le GAMF », écrit-il. Le commissaire adjoint ajoute que son dossier sera transmis à une nouvelle clinique médicale « jusqu’à ce qu’un médecin accepte de vous prendre en charge ».
Pourtant, M. Fradet considère qu’il ne représente pas un cas particulièrement lourd.
« Un médecin normal, je pense qu’il serait capable de faire autre chose que de prescrire des crèmes pour l’eczéma et guérir des amygdalites », lance-t-il.
LES DÉLAIS AUGMENTENT
Le Journal révélait hier que les délais pour obtenir un médecin de famille via le GAMF ont augmenté depuis un an.
En décembre 2017, les patients vulnérables devaient attendre 285 jours en moyenne, tandis que ceux en meilleure santé devaient patienter environ 321 jours.
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a refusé de répondre aux questions sur le sujet hier.
Au Salon bleu, il a rappelé « qu’aujourd’hui il y a 1,1 million de personnes qui, dans les faits, ont accès à un médecin de famille de plus » que quand les libéraux ont pris le pouvoir.