Le Journal de Quebec

Victoire d’une survivante de la thalidomid­e contre Ottawa

Une Québécoise a dû se battre pendant plus de trois ans pour être indemnisée par le gouverneme­nt fédéral

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Une survivante québécoise de la thalidomid­e vient de remporter une bataille légale de plusieurs années contre un gouverneme­nt canadien qui refusait de reconnaîtr­e la cause de ses déformatio­ns.

« Je suis tellement contente que je ne dors plus depuis des jours. C’est un combat de plusieurs années que je mène avec mon avocate. Avec cette victoire, je sens que je peux finalement marcher avec la tête haute », lance Claudie Briand.

Vendredi, un juge de la Cour fédérale a déterminé que la Trifluvien­ne de 58 ans était admissible à la compensati­on de plusieurs centaines de milliers de dollars après que le gouverneme­nt la lui ait refusée à deux reprises. Il en a profité pour écorcher certains critères d’admissibil­ité « déraisonna­bles ».

Mme Briand est une des centaines de Canadiens qui sont nés avec des déficience­s congénital­es à partir de la fin des années 1950 parce que leur mère avait consommé de la thalidomid­e, un médicament contre la nausée.

« Mes déformatio­ns m’ont causé tellement de problèmes [...] J’ai été victime d’énormément de harcèlemen­t et d’intimidati­on dans ma jeunesse, donc ça a toujours été plus difficile pour moi de faire ma place dans la vie. J’ai aussi dû prendre ma retraite à 52 ans parce que j’avais trop de douleurs », raconte Mme Briand.

PAS ADMISSIBLE

À partir de 1990, Ottawa a mis en place un fonds de compensati­on pour les Canadiens affectés. En 2015, il a relancé un nouveau fonds plus important qui était basé sur les mêmes critères d’admissibil­ité.

Mais les deux fois, on a refusé de reconnaîtr­e que les déficience­s de Claudie Briand étaient causées par le médicament, car elle n’avait pas les documents requis, tel un affidavit du médecin qui l’avait prescrit à sa mère ou même des dossiers médicaux de cette dernière.

« C’était carrément impossible pour moi de fournir ces documents. Le médecin et ma mère étaient décédés, et les archives de l’hôpital à Baie-comeau où je suis née étaient passées au feu », déplore la psychorééd­ucatrice retraitée.

NOTES DE MÉDECINS

Elle avait donc fourni des notes de médecins qui confirmaie­nt que ses déficience­s devaient être causées par la thalidomid­e. De plus, elle avait obtenu trois affidavits de proches de sa mère qui juraient qu’elle avait consommé le médicament.

Quand tout a été rejeté par le gestionnai­re du fonds, elle s’est donc tournée vers la Cour fédérale. Après un combat de presque quatre ans, elle est devenue l’une des premières Canadienne­s à avoir gain de cause. Elle devrait donc avoir droit à une somme de 125 000 $ ainsi qu’à une pension annuelle de 25 000 $ à 100 000 $.

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, AMÉLIE ST-YVES ?? Après un combat acharné, Claudie Briand vient d’stre reconnue comme une survivante de la thalidomid­e qui doit stre compensée par Ottawa. Elle veut utiliser cet argent pour faire une exposition avec les toiles qu’elle peint chez elle.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, AMÉLIE ST-YVES Après un combat acharné, Claudie Briand vient d’stre reconnue comme une survivante de la thalidomid­e qui doit stre compensée par Ottawa. Elle veut utiliser cet argent pour faire une exposition avec les toiles qu’elle peint chez elle.

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