Victoire d’une survivante de la thalidomide contre Ottawa
Une Québécoise a dû se battre pendant plus de trois ans pour être indemnisée par le gouvernement fédéral
OTTAWA | Une survivante québécoise de la thalidomide vient de remporter une bataille légale de plusieurs années contre un gouvernement canadien qui refusait de reconnaître la cause de ses déformations.
« Je suis tellement contente que je ne dors plus depuis des jours. C’est un combat de plusieurs années que je mène avec mon avocate. Avec cette victoire, je sens que je peux finalement marcher avec la tête haute », lance Claudie Briand.
Vendredi, un juge de la Cour fédérale a déterminé que la Trifluvienne de 58 ans était admissible à la compensation de plusieurs centaines de milliers de dollars après que le gouvernement la lui ait refusée à deux reprises. Il en a profité pour écorcher certains critères d’admissibilité « déraisonnables ».
Mme Briand est une des centaines de Canadiens qui sont nés avec des déficiences congénitales à partir de la fin des années 1950 parce que leur mère avait consommé de la thalidomide, un médicament contre la nausée.
« Mes déformations m’ont causé tellement de problèmes [...] J’ai été victime d’énormément de harcèlement et d’intimidation dans ma jeunesse, donc ça a toujours été plus difficile pour moi de faire ma place dans la vie. J’ai aussi dû prendre ma retraite à 52 ans parce que j’avais trop de douleurs », raconte Mme Briand.
PAS ADMISSIBLE
À partir de 1990, Ottawa a mis en place un fonds de compensation pour les Canadiens affectés. En 2015, il a relancé un nouveau fonds plus important qui était basé sur les mêmes critères d’admissibilité.
Mais les deux fois, on a refusé de reconnaître que les déficiences de Claudie Briand étaient causées par le médicament, car elle n’avait pas les documents requis, tel un affidavit du médecin qui l’avait prescrit à sa mère ou même des dossiers médicaux de cette dernière.
« C’était carrément impossible pour moi de fournir ces documents. Le médecin et ma mère étaient décédés, et les archives de l’hôpital à Baie-comeau où je suis née étaient passées au feu », déplore la psychorééducatrice retraitée.
NOTES DE MÉDECINS
Elle avait donc fourni des notes de médecins qui confirmaient que ses déficiences devaient être causées par la thalidomide. De plus, elle avait obtenu trois affidavits de proches de sa mère qui juraient qu’elle avait consommé le médicament.
Quand tout a été rejeté par le gestionnaire du fonds, elle s’est donc tournée vers la Cour fédérale. Après un combat de presque quatre ans, elle est devenue l’une des premières Canadiennes à avoir gain de cause. Elle devrait donc avoir droit à une somme de 125 000 $ ainsi qu’à une pension annuelle de 25 000 $ à 100 000 $.