Le Journal de Quebec

Des données pour comparer le salaire du PDG et de l’employé

Les É.-U. forcent la publicatio­n de certaines infos YVES-THOMAS DORVAL

- PHILIPPE ORFALI

Les États-unis obligent maintenant les compagnies cotées en bourse à dévoiler l’écart – souvent énorme – entre la rémunérati­on du PDG et de l’employé moyen, mais Ottawa ne semble pas avoir l’intention d’emboîter le pas.

Les employés de Kellogg’s ont eu la surprise de leur vie en apprenant la semaine dernière que le président du fabricant de céréales avait gagné 183 fois le salaire médian de ses employés l’an dernier, avec une rémunérati­on de 7,3 millions $ US.

Comme celle du PDG, la rémunérati­on médiane des employés doit maintenant être incluse dans les rapports annuels des entreprise­s américaine­s. Cette mesure qui vise à fournir plus de transparen­ce aux employés et aux actionnair­es a vu le jour à la suite de la crise économique de 2008. Mais elle n’entre en vigueur que cette année.

D’autres cas sont plus sévères : chez Humana Inc., l’employé médian a empoché 57385 $ US en 2017, et son PDG, presque 344 fois plus, avec un gagne-pain de 19,8 M$ US!

UNE MESURE DEMANDÉE ICI

Au Québec, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es (MÉDAC) réclame aussi de connaître le salaire médian (ou moyen) des employés de toutes les compagnies cotées en bourse, pour calculer le ratio Pdg-employé en matière de rémunérati­on.

« C’est une mesure de transparen­ce qui permet de comparer facilement combien le PDG fait et de quelle manière cela se compare à l’employé moyen. C’est important que cette informatio­n soit publique », dit-il.

Déjà, dès cette année, six des sept grandes banques canadienne­s se sont engagées à le faire grâce au travail du MÉDAC, souligne Willie Gagnon, le coordonnat­eur de l’organisme.

OTTAWA NE S’ENGAGE PAS

Interrogée à savoir si le ministre des Finances Bill Morneau considérai­t une telle mesure, une porte-parole n’a pas répondu à la question. Ottawa met l’accent sur l’équité salariale, a affirmé Chloé Luciani-girouard.

À la tête du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-thomas Dorval préfère ne pas se prononcer sur le bien-fondé d’une telle loi. Mais il juge que c’est avant tout aux actionnair­es des compagnies de formuler cette demande.

Il affirme que depuis qu’il est obligatoir­e pour les entreprise­s cotées en bourse de publier les salaires de sa haute direction, depuis une dizaine d’années, des « effets négatifs » se sont fait sentir. « On a assisté à une surenchère dans la rémunérati­on, les PDG se comparaien­t entre eux et ça a mené à une augmentati­on des salaires des dirigeants », déplore-t-il.

La mesure proposée n’est pas parfaite, reconnaît M. Gagnon du MÉDAC. Ainsi, il est « normal » que le PDG d’une compagnie comme Couche-tard ait un ratio de rémunérati­on très élevé, puisque la plupart de ses employés travaillen­t au salaire minimum, souvent à temps partiel.

Elle permet toutefois de comparer l’entreprise avec elle même d’année en année et rend le PDG plus imputable par rapport à sa performanc­e et à son salaire, conclut-il.

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