Des VUS de plus en plus performants
Aimez-vous les camions ? Sûrement beaucoup, puisque 68,8 % des véhicules neufs loués ou vendus l’an dernier au pays étaient des « camions légers ». Parlons plutôt des « utilitaires légers », parce que les trois quarts de ces machines sont des utilitaires sport qui tiennent nettement plus de la voiture que du camion.
Et puisque ces utilitaires légers se vendent de mieux en mieux, les constructeurs multiplient évidemment les variantes, dans tous les formats imaginables, pour nous convaincre que ces véhicules peuvent tout faire aussi bien que les voitures, y compris rouler très vite, même sur un circuit.
C’est plutôt drôle à dire, mais avec ces VUS qui se multiplient, on n’est vraiment pas sortis du bois
BMW TIRE LE PREMIER COUP
Sans surprise, BMW a été la première à jouer la carte de la performance et de la tenue de route avec son X5, lancé en l’an 2000. Contrairement au ML de Mercedes-benz, arrivé plus tôt, il était construit avec une coque autoporteuse et ne se prenait aucunement pour un tout-terrain, malgré les systèmes empruntés à Land Rover, dont BMW était alors propriétaire.
Après une courte balade sur la route et un bout de chemin de terre, le reste du lancement du X5 s’était déroulé à Road Atlanta, en Georgie, sur un des circuits les plus rapides et exigeants du continent. Je me souviens avoir été aussi impressionné qu’étonné par l’aplomb du X5 qui enfilait les tours de piste à fond, sans broncher. Sa suspension ferme et ses larges pneus compensaient sa masse de plus de deux tonnes et la hauteur de sa carrosserie. Les ingénieurs bavarois avaient défié, avec succès, les lois de la physique.
La réussite du X5 n’est pas restée longtemps sans réponse. Porsche a donné un grand coup en 2003 avec son Cayenne, dont la version Turbo, propulsée par un V8 suralimenté de 4,5 litres et 440 chevaux, a haussé la barre de quelques crans.
Mercedes-benz a répliqué avec des versions AMG plus musclées de tous ses utilitaires et chez BMW, le X5 M est équipé d’un V8 de 4,4 litres, comme son ancêtre, mais il est deux fois plus puissant à 555 chevaux, avec ses deux turbos. Et que dire du nouveau Lamborghini Urus avec son V8 biturbo de 4,0 litres et 650 chevaux ou du Jeep Grand Cherokee Trackhawk et les 707 chevaux de son V8 surcompressé ?
J’ai conduit, il y a quelques jours, le nouveau Alfa Romeo Stelvio Quadrifoglio qui est devenu, l’automne dernier, le VUS le plus rapide sur le célèbre Nürburgring, avec un chrono de 7 minutes 51,7 secondes. Huit secondes de mieux que le Cayenne Turbo, dont le V8 livre maintenant 550 chevaux.
Le V6 biturbo du Stelvio en produit 505, mais il est plus léger de près de 200 kg. Je me suis amusé comme un fou à son volant, sur le tracé du Circuit of The Americas au Texas, où courent habituellement les F1, après l’avoir trouvé lourd et trouvé sa suspension trop souple au premier tour rapide. Parce que les lois de la physique ne changent pas.
RÉSOUDRE LA QUADRATURE DU CERCLE
N’empêche que c’est une belle folie tout ça, si on y pense deux secondes, avec des cotes de consommation et d’émissions polluantes à faire blêmir Steven Guilbeault. Avec raison, si on considère la nécessité actuelle de réduire de façon draconienne nos émissions de gaz carbonique et toutes les autres, n’en déplaise aux climatosceptiques.
BMW et Porsche ont produit des versions hybrides et rechargeables de leurs grands VUS, et Bentley vient tout juste de dévoiler une version hybride rechargeable de l’opulent Bentayga. Ces modèles consomment et polluent un peu moins que leurs semblables, mais ils sont encore plus lourds, avec leurs batteries. Les bonnes réponses sont ailleurs.
C’est plutôt drôle à dire, mais avec ces VUS qui se multiplient, on n’est vraiment pas sortis du bois. Pour l’instant, du moins. Le pire, c’est que les VUS sont particulièrement bien adaptés à nos routes trop souvent défoncées. Pas les modèles les plus chics ou sportifs avec leurs roues de 20 pouces, mais la plupart des autres.
Pour rouler au Québec, il nous faudrait des VUS à structure et carrosserie plus légères, avec une bonne autonomie électrique et un moteur thermique d’appoint au besoin. Et pourquoi pas des versions plus performantes et agiles ? Quelque chose comme le nouveau Jaguar I-pace tout électrique, par exemple.
En moins cher, idéalement.