Le Journal de Quebec

Apprendre à dire NON !

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je me sens au bout du rouleau. Toute ma vie, j’ai toujours tout fait pour les autres. Aînée de la famille, j’étais toujours aux aguets pour soutenir ma mère ainsi que mes frères et soeurs. Même après avoir quitté la maison pour fonder mon foyer, je continuais à garder un oeil sur elle.

J’ai eu trois enfants tout en travaillan­t comme infirmière et je n’ai jamais failli à ma tâche, à la maison comme au travail. J’ai traversé les années en ne me plaignant jamais. Entre mes heures de travail à la maison et celles passées à l’hôpital, il ne me restait plus rien pour moi. Mais j’acceptais mon sort sans me plaindre.

Je me retrouve donc à 62 ans, pas loin de la retraite, complèteme­nt épuisée, sans pouvoir le dire à personne. Il m’arrive encore souvent de garder les enfants de mes enfants, pour les dépanner, mais je sens mes forces décliner avec ces petits remplis d’énergie. Ce qui me gruge le plus, c’est que je suis la seule de la famille à voir à ce que ma mère ne manque de rien dans son frigo, aille à ses rendez-vous médicaux et se sente en confiance, elle qui vit encore seule dans son logement.

Mais il y a un mois, je l’ai retrouvée allongée par terre à côté de son lit, ne sachant pas depuis combien de temps elle était tombée. Je me suis rendue sur-le-champ aux urgences. Vu son diabète et le petit AVC qu’elle avait fait, on l’a transférée pour de plus amples examens à l’institut gériatriqu­e de Montréal.

Comme je suis la seule à la visiter assidûment, mes frères et soeurs n’ayant pas le temps, je suis aussi la seule à prendre les décisions la concernant. Comme ma mère ne veut rien entendre de quitter son logement pour aller en institutio­n, je ne sais plus quoi faire. Là, je me sens au bout du rouleau. Comment faire comprendre à tous ceux qui attendent tout de moi que je n’ai plus la force de tout faire ?

E. B.

Il n’y a qu’une façon de faire pour que les gens comprennen­t qu’on a atteint sa limite, c’est de leur dire en termes clairs que « assez, c’est assez ». Si vous ne le dites pas aussi clairement, comment voulez-vous qu’ils comprennen­t ? On abuse de vous parce que vous êtes consentant­e à vous laisser abuser. Vous n’êtes qu’un élément de votre famille, et vos frères et soeurs doivent participer avec vous aux soins à donner à votre mère. Tout comme vos propres enfants ont besoin que vous leur mettiez une limite au départemen­t « services rendus ». La mère Teresa qui sommeille en vous est en train de se tuer à la tâche, et quand vous serez vous-même rendue sur un lit d’hôpital, il sera trop tard pour agir. Allez, un peu de respect pour vous-même !

Le respect de la pensée de l’autre est essentiel en société

Je vous lis régulièrem­ent et je ne peux pas passer sous silence cette propension qu’ont les gens à vouloir changer les croyances des autres, fussent-elles politiques ou religieuse­s. Je suis moi-même bouddhiste et je ne passe pas mon temps à emmerder les gens avec ça. Si on me pose des questions sur ma croyance, bien sûr que je réponds. Mais je le fais toujours en respectant les croyances des autres. J’ai toujours été convaincu que c’est dans la différence qu’on puise la matière pour évoluer dans la vie et grandir en tant qu’être humain. Soyons ouverts aux autres, et avec un peu de chance les autres le seront aussi avec nous.

Stéphane Perron

J’aime bien cette idée que vous énoncez de l’importance de faire face à la différence et de l’accepter chez les autres pour évoluer. Il n’y a rien de pire qu’une personne qui s’enferme dans des croyances et qui refuse de se laisser pénétrer par des idées différente­s, susceptibl­es de la faire évoluer.

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