Le Journal de Quebec

Décision minable

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Voilà le mot pour qualifier le refus des autorités de l’université Laval de créer à l’intérieur de la faculté de droit un centre de recherches en droit internatio­nal et transnatio­nal portant le nom de Brian Mulroney, un de ses diplômés les plus illustres sur le plan internatio­nal.

Une courte majorité de professeur­s de la faculté de droit a voté contre cette propositio­n. Pour des raisons douteuses, ce qui démontre bien que les partis-pris et les préjugés prennent aussi le pas sur la hauteur de vue dans ce lieu de « haut savoir ».

Brian Mulroney a été sans l’ombre d’un doute l’un des plus grands premiers ministres du Canada depuis cinquante ans. Il a été l’artisan de L’ALÉNA, l’accord de libre-échange nord-américain (États-unis, Canada, Mexique). Il a fait croisade pour abolir l’apartheid en Afrique du Sud. Pour l’anecdote, il a placé la première ministre britanniqu­e Margaret Thatcher au pied du mur. « Vous n’avez pas le choix, Margaret », lui a-t-il dit au cours d’un ultime affronteme­nt, ce qui a finalement ébranlé la dame de fer du Royaume-uni, qui ne voulait pas demeurer isolée parmi ses alliés occidentau­x, tous des amis de Brian Mulroney, dont François Mitterrand, au premier chef.

Nul n’est prophète en ce pays de hargneux.

BLESSURE POLITIQUE

Avant tout, Brian Mulroney a été le seul homme politique à se battre pour trouver une solution acceptable qui aurait permis une reconnaiss­ance du Québec en dehors de l’indépendan­ce. C’était l’accord du lac Meech, qui a échoué à cause du refus de Terre-neuve et du Manitoba. Pour Brian Mulroney, il s’agit d’une blessure politique jamais cicatrisée.

La direction de l’université Laval aurait pu décider d’aller de l’avant avec le projet puisque le vote de la faculté de droit n’a qu’une valeur consultati­ve. Mais aucun membre de la direction n’a eu le courage de le faire. On ne peut donc s’empêcher d’y voir un des traits haïs- sables de la culture québécoise : la manière brutale d’exclure un politicien remarquabl­e, un Québécois irlandais, qui a toujours défendu le Québec où il est né, dont il a choisi la langue et l’a transmise à tous ses enfants.

Brian Mulroney a su tisser des liens personnels avec nombre de chefs d’état et de gouverneme­nt de son époque. Il a été la fierté de son pays à l’étranger. Non pas en faisant des facéties ou en se déguisant, mais en défendant certaines valeurs fondamenta­les sans paternalis­me ni arrogance.

NATIONALIS­ME QUÉBÉCOIS

Contrairem­ent à certains prédécesse­urs, il respectait René Lévesque, qui le lui rendait bien. Et jamais Brian Mulroney, un fédéralist­e modéré et un progressis­te conservate­ur, n’a fait d’amalgame entre le nationalis­me québécois et le racisme et l’intoléranc­e, comme le faisaient Pierre Elliott Trudeau et Jean Chrétien.

Honte donc à l’université Laval. Il appert que certains professeur­s désapprouv­ent en silence cet affront à Brian Mulroney. Un affront à tous les Québécois anglophone­s qui ont choisi nos institutio­ns, notre langue, nos icônes. L’on imagine mal que Brian Mulroney accepte d’être honoré si d’aventure la rectrice sous la pression changeait son fusil d’épaule. Ce serait ajouter l’insulte à l’injure.

Nul n’est prophète en ce pays de hargneux sans gratitude.

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Brian Mulroney

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