Le Journal de Quebec

Un saut dans l’inconnu

Elle quitte un poste à la Banque Nationale pour fabriquer des sacs de luxe en cuir

- SYLVIE LEMIEUX pmeinc@quebecorme­dia.com

En 2013, Mathilde Einhorn a fait un choix déchirant. Elle a quitté un poste qu’elle aimait à la Banque Nationale pour lancer son entreprise, Holdur, spécialisé­e dans la fabricatio­n de sacs de cuir haut de gamme. Le saut était vertigineu­x, mais peut-être moins risqué qu’il n’y paraît.

« Il ne faut pas avoir peur de se lancer en affaire, affirme-t-elle. On ne laisse pas tout en arrière, cela devient un bagage sur lequel on peut s’appuyer. On ne repart pas à zéro, on part ailleurs. »

Comme spécialist­e des communicat­ions stratégiqu­es à la Banque Nationale, elle a géré des employés, répondu aux besoins de clients à l’interne, fait affaire avec des fournisseu­rs. Une expérience qui la sert bien aujourd’hui alors que son entreprise connaît une belle croissance.

« L’avantage d’avoir eu une carrière avant de fonder son entreprise, c’est qu’on a fait nos essais et erreurs. On peut prendre des décisions plus avisées et de façon plus rapide. »

Un élément qui devrait avoir du poids auprès des investisse­urs, selon elle. « Cela diminue le risque. »

UNE DÉCISION DÉTERMINAN­TE

Si son ancien travail était stimulant, il était aussi contraigna­nt sur le plan des horaires. « Je faisais souvent du 7 h à 19 h », raconte Mme Heinhorn. Mère de deux filles avec un conjoint qui voyageait beaucoup, elle décide de prendre une année sabbatique pour souffler un peu.

C’est alors qu’elle fait la rencontre de Nicole Lefebvre lors d’une activité de bénévolat à l’école de ses enfants.

« Chacune de notre côté, nous avions envie de fonder une entreprise. »

Femmes actives, elles cherchaien­t un sac à attacher à la taille, à la fois beau et pratique. Or, ce qu’elles trouvaient sur le marché était loin de répondre à leurs critères. De là l’idée de fonder Holdur : réinventer le fameux sac banane pour en faire un produit à la fois fonctionne­l

et élégant.

« Je connaissai­s les rudiments de la couture, j’ai dessiné des modèles qu’on a fabriqués nousmêmes. On a fait beaucoup de recherches et développem­ent pour mettre au point notre produit. »

Le succès a été rapide. « Au bout de six mois, on avait déjà un volume de ventes suffisant pour avoir un fonds de roulement. On n’a plus eu besoin d’injecter de l’argent personnel. »

La gamme de produits s’est depuis élargie avec, entre autres, des couvre-passeports et des porte-cartes qui portent tous la signature Holdur. « Tout ce qu’on fait doit être autant esthétique que fonctionne­l. Toutes nos idées doivent passer le test du 50-50. »

COMBLÉE

En plus de codiriger Holdur, Mathilde Einhorn offre des services de consultati­on en communicat­ion interne. Une façon de revenir à ses premières amours. Mais pour elle, pas question de revenir en arrière. Elle est comblée par sa vie d’entreprene­ure.

« Je suis plus présente à ma famille. J’ai réalisé que travailler selon des horaires précis était plus contraigna­nt pour moi. Maintenant, je peux m’occuper de mes affaires le soir, mais parce que j’ai envie de le faire. Je travaille pour moi. Ma récompense est là. »

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PHOTOS COURTOISIE Mathilde Einhorn devant une vitrine de Holdur dans le lobby du Sofitel Carré Doré, à Montréal. En mortaise, un défilé de mode avec les sacs de luxe Holdur.

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