Aldo fermera d’autres magasins
Le PDG de la chaîne dénonce les loyers élevés des centres commerciaux
La popularité sans cesse croissante du commerce électronique force le géant de la chaussure Aldo à réduire sa présence dans la brique et le mortier.
Au cours des cinq dernières années, l’entreprise montréalaise a fermé une centaine de boutiques qui résistaient mal à l’engouement pour les achats en ligne, principalement au Canada.
Le nombre de magasins Aldo et Spring au Canada, aux États-unis et au Royaume-uni est ainsi passé de 850 à 750, une baisse de plus de 10 %. Et le déclin n’est pas terminé.
« Je ne crois pas qu’on va fermer la moitié de nos magasins, mais, d’après moi, on va en fermer de 10 à 20 % au cours des prochaines années », a déclaré hier David Bensadoun, PDG depuis l’an dernier du détaillant fondé par son père Aldo, en 1972.
Prenant la parole à l’occasion d’un som- met organisé par le Conseil québécois du commerce de détail, M. Bensadoun en a profité pour décocher une flèche aux propriétaires de centres commerciaux, où est située la quasi-totalité des boutiques du groupe.
« Si les loyers ne changent pas, ça va s’accélérer, a-t-il prévenu, suscitant les applaudissements des congressistes. Il faut que les propriétaires immobiliers acceptent cette nouvelle situation [la croissance du commerce en ligne] : soit ils créent des centres tellement incroyables comme destinations qu’ils peuvent continuer à nous demander des loyers élevés, soit ils y vont plus modestement, mais avec des loyers qui ont du sens. »
VENTES NUMÉRIQUES
Dans le domaine de la chaussure, 50 % des ventes seront numériques d’ici cinq ans, prévoit-il. À l’heure actuelle, c’est à peine 12 % pour les magasins Aldo, une proportion répartie également entre ordi- nateur et mobile.
Pour accélérer sa croissance en ligne, Aldo a investi 8 M$ dans la refonte de son site web, et prévoit consacrer 5 M$ par année pour continuer d’améliorer cet outil.
L’entreprise souhaite notamment réduire le taux de retour des achats faits en ligne, qui atteint 24 % contre 8 % pour ceux faits en magasin. Pour y parvenir, on met l’accent sur une plus grande constance dans les tailles et sur de meilleures descriptions des produits.
ABOLITION DES COMMISSIONS
Dans les magasins, Aldo a mené une petite révolution il y a deux ans en abolissant les commissions versées aux vendeurs.
« Ça créait des comportements qui ne marchent plus pour la génération des milléniaux, explique David Bensadoun. L’atmosphère d’un Starbucks, c’est ça qu’il faut créer : nous sommes entre amis, on n’essaie pas de faire quelque chose qui va contre vos besoins. »