Le Journal de Quebec

Une victime a eu gain de cause pour délais déraisonna­bles

- NICOLAS SAILLANT

Une femme victime de violence conjugale et qui n’a pas obtenu justice en raison des délais déraisonna­bles a poursuivi le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) pour sa négligence et a obtenu gain de cause.

En juillet 2011, Isabelle Levesque se trouvait dans un chalet à trois heures de route de La Tuque lorsque son conjoint, Alain Beaudet, « a pété les plombs » parce que les patates n’étaient pas cuites. Le conjoint violent tire alors un coup de fusil dans les airs avant de pointer l’arme sur sa victime.

Prise au piège, Isabelle attend son retour dans la civilisati­on avant de porter plainte. Les armes de l’accusé sont alors saisies et l’homme est accusé de menace de mort et de voie de fait.

Les « reports pour encombreme­nt du rôle » se sont cependant succédé pendant plus de 30 mois jusqu’à ce qu’un juge prononce l’arrêt des procédures pour délais déraisonna­ble. C’est humiliée et en pleurs qu’elle a entendu le juge redonner la liberté et les armes à son ex-conjoint en juin 2014, deux ans avant l’arrêt Jordan.

« Tu es abandonnée, la justice n’est pas là pour toi, ta vie ne vaut rien, t’es moins que rien », raconte Mme Levesque.

ENTENTE

« Je ne pouvais pas en rester là. On devient de nouveau victime par notre système de justice », raconte celle qui a décidé de poursuivre. Une poursuite de 75 000 $ a donc été intentée contre le DPCP, qui s’est toutefois entendu hors cour avec Isabelle et reconnu ses torts.

Isabelle précise que l’argent n’a pas été suffisant pour guérir ses blessures, mais que sa victoire au civil lui a fait du bien. « Ça mit un petit baume. Ils ont reconnu une lacune, mais ça ne règle pas le bobo en dessous. »

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