La mobilisation anti-armes freinée par le manque de volonté politique
NEW YORK | Au lendemain d’une journée de manifestation historique aux États-unis, les jeunes meneurs du mouvement restaient mobilisés pour obtenir un renforcement de la législation sur les armes à feu, sur laquelle Washington reste encore inflexible.
Il n’existe pas de chiffre officiel, mais, selon l’organisation indépendante Crowd Counting Consortium, l’événement a rassemblé samedi plus de 1,5 million de personnes dans plusieurs centaines de villes américaines.
La journée d’action de samedi, baptisée March for Our Lives (Marchons pour nos vies), était une réaction au massacre de 17 personnes le 14 février dans l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas (MSD), à Parkland (Floride).
Un groupe d’élèves de MSD, survivants de la fusillade, s’est depuis mobilisé, devenant l’étendard d’une jeunesse qui a vécu toute sa scolarité avec la menace permanente d’une tuerie de masse.
Omniprésents samedi sur la scène du rassemblement de Washington, ces adolescents ont repris leur bâton de pèlerin dès hier matin pour que leur action ne reste pas lettre morte.
« L’élan va se poursuivre, parce que même quand les médias s’en iront, ces [jeunes] seront toujours là, à se battre pour leur existence », a affirmé Delaney Tarr, l’une des survivantes de la fusillade de Parkland, sur Fox News.
AU POINT MORT
L’action des étudiants a déjà poussé la Floride à voter une loi, promulguée le 9 mars par le gouverneur Rick Scott et imposant plusieurs restrictions, notamment l’interdiction des « bump stocks » (accessoire permettant de tirer en rafale) ou le relèvement de 18 à 21 ans de l’âge légal pour acheter une arme.
Mais le Congrès est au point mort et si de nombreux élus démocrates ont participé à la marche de samedi et appelé publiquement à légiférer, les républicains – majoritaires dans les deux chambres – restent largement inflexibles.
Malgré l’ampleur du rassemblement, le président Donald Trump n’en avait toujours fait aucune mention hier en fin de matinée, sur son compte Twitter.
Il a réaffirmé vendredi sa volonté d’interdire les « bump stocks », une mesure de portée marginale. Son administration a lancé une procédure en ce sens.
La loi de finances de l’état fédéral américain, adoptée vendredi par le Congrès, prévoit un resserrement du système de vérification des antécédents criminels et psychiatriques avant l’achat d’une arme à feu.
REVENDICATIONS
Mais les élèves de Marjory Stoneman Douglas réclament, eux, le relèvement de l’âge légal pour acheter une arme ainsi que l’interdiction de vendre des fusils d’assaut et des chargeurs de grande capacité à des civils.
« Notre pays ne doit pas commencer à priver de certains de leurs droits des citoyens qui respectent la loi », a déclaré hier sur CBS la sénatrice républicaine Joni Ernst, estimant que les revendications des jeunes portaient atteinte aux dispositions du deuxième amendement à la Constitution américaine, qui garantit le droit de posséder une arme.